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Lewis, un étudiant, et son frère Fuller, qui sort de prison, font une mauvaise plaisanterie à un routier à l'aide de la CB de leur voiture. Celui-ci s'avère être un psychopathe et veut se venger...



Une virée en enfer est une production au budget relativement modeste proposant un récit d'épouvante avant tout destiné à un public adolescent. Il a été réalisé par John Dahl, qui s'est fait remarqué en matière de thriller dès sa première réalisation (Kill me again (1989)...) ; puis il  se voit reconnaître comme un auteur important du films noir des années 90 (à l'instar d'un Tarantino (Reservoir dogs (1992)...) ou des frères Coen (Fargo (1996)...) avec Last seduction (1994), un polar sensuel interprété par Linda Fiorentino. Ce succès lui permet d'accéder à des budgets plus confortables et à des acteurs plus connus : si Mémoires suspectes (1996) (un scientifique, dont la femme a été assassinée par un inconnu, utilise un procédé lui permettant d'explorer la mémoire de la défunte pour retrouver le coupable de ce crime) n'a pas bien marché, Les joueurs (1998) avec Matt Damon (un jeune homme, qui a abandonné le monde des tables de jeu il y a quelques temps, doit retourner dans les milieux dangereux des joueurs de poker endurcis afin d'aider un ami en difficulté) fonctionne correctement, et on retrouve John Dahl au commande de ce Une virée en enfer. Les rôles principaux sont tenus par trois assez jeunes comédiens : Paul Walker (Monster in the closet (1986) de Bob Dahlin, The skulls : société secrète (2000), Fast and furious (2001)...) ; Steve Zahn (That thing you do (1996) de Tom Hanks, Vous avez un message (1998) avec Tom Hanks...) ; Leelee Sobieski (Eyes wide shut (1999) de Stanley Kubrick dans lequel elle incarnait la fille du marchand de déguisements, le thriller La prison de verre (2001)...).
On le sait, les autoroutes ne sont guère des endroits sûrs. Traversant de vastesétendues désertes et désolées, elles sont hantés par des routiers agressifs (Duel(1975) de Steven Spielberg...), des serial killers (Déviation mortelle (1981) deRichard Franklin avec Jamie Lee Curtis...) et d'autres détraqués en tout genre : DavidHess (La dernière maison sur la gauche (1972) de Wes Craven) tourmente un couplede vacanciers dans La proie de l'autostop (1978) de Pasquale Festa Campanile ;Bernard-Pierre Donnadieu (Le retour de Martin Guerre...) kidnappe une vacancièrehollandaise dans L'homme qui voulait savoir (1988) de George Sluizer ; RutgerHauer (Blade Runner (1982)...) harcèle un jeune homme dans Hitcher (1986)de Robert Harmon ; dans Mad Max (1979) de George Miller, une bande de dangereuxmotards assassine la femme de Mel Gibson (L'arme fatale (1987)...)... Et si, parprudence, on souhaitait chercher refuge dans un motel isolé, on serait bien mal inspiréaussi : l'actrice Janet Leigh en sait quelque chose, puisque, dans ce genred'établissement, elle se fera violée par une bande de voyous dans La soif  dumal (1958) d'Orson Welles et trucidée par un des plus célèbres psychopathes del'histoire du cinéma dans Psychose (1960) d'Alfred Hitchcock !


Ici encore, des voyageurs roulant, insouciants, vers des vacances de rêve vont êtrevictimes d'un personnage dérangé : "Clou rouillé" (c'est le petit pseudonymequ'il s'est choisi sur la CB) est un conducteur de poids lourd apparemment sociopathe et,partant, à la sexualité notablement déréglée. Pour tuer le temps pendant un longpériple automobile, les deux frères Lewis et Fuller Thomas vont s'amuser avec leur CB àlui faire croire qu'une beauté l'attend dans un motel  pour une longue nuit d'amour.Mal leur en prendra, car la situation va progressivement dégénérer, la victime de leurcanular ayant un sens de l'humour inversement proportionnel à sa très tenace rancune. Cedétraqué conduisant un imposant poids lourd noir et son visage nous restant toujoursinconnu, Une virée en enfer fait bien évidemment penser au fameux Duel.Pourtant, contrairement au psychopathe du film de Spielberg, "Clou rouillé"n'est pas un personnage totalement abstrait : d'ailleurs, sa (relative) élaborationpsychologique (ses agissements, bien que brutaux, ont toujours une explication) l'éloigneaussi du tueur de Hitcher, dont les motivations restaient toujours inexpliquées.De plus, "Clou rouillé" se distingue par une usage abondant de la CB pourmenacer et terrifier, d'une voix caverneuse, les frères Thomas : cela rappellel'utilisation du téléphone dans Terreur sur la ligne (1979), procédé parailleurs employé jusqu'à la nausée dans la série des Scream de Wes Craven.Toutefois, si "Clou rouillé" est un personnage plutôt réaliste, il sembletout de même doué de pouvoirs légèrement fantastiques pour surveiller et repérer sesvictimes tout en restant inaperçu : intrusion d'un léger élément fantastique ouscénario bâclé ? Je suis plutôt tenté d'opter pour la seconde proposition !


Tout au long du métrage, on va suivre les frères Thomas : c'est donc de leur point devue que nous sera conté le récit. Si Lewis est un étudiant raisonnable et un peueffacé, Fuller est un voyou baratineur, provocateur, vivant au jour le jour et assez sûrde lui. Une virée enfer prend donc bien soin de nous présenter avec subtilitéles personnalités opposées des deux frères, soulignant même avec une certaineambiguïté cruelle dans leurs rapports (Fuller titillant Lewis sur sa vie sentimentale oule poussant à parler avec une voix féminine dans la CB...). Ainsi, et contrairement àune grande part des films d'épouvante pour adolescents (Mortelle saint-Valentin(2001) de Jamie Blanks...), les personnages semblent intelligents et ont des motivationscrédibles pour leurs actes, même lorsqu'ils ont des comportements irresponsables. Lesexcellentes interprétations de Steve Zahn et Adam Walker renforcent encore cetteimpression.


La réalisation de John Dahl est tout à fait soignée. En jouant sur des mouvementsinueux et élégants, il installe progressivement une atmosphère trouble ; comme pour Hitcher,l'emploi du cinémascope pour filmer les routes traversant les grands espaces américainsfonctionnent à merveille. Le directeur de la photographie réalise de véritablesprodiges dans les scènes du premier motel, alternant blancheur électrique etmonochromies fantastiques rouge et verte de toute beauté. A ce titre, la scène de la"farce" est une très grande réussite.


Hélas, après une première moitié qui parvient  faire monter lentement, maissûrement, la tension, le récit introduit le personnage de Venna, une amie de Lewis, quiva accompagner les frères Thomas dans leur voyage et servira à approfondir encore ladescription de leurs rapports. Hélas, cela ne va pas aller sans entraîner une sévèrechute de rythme dans le déroulement des évènements. L'angoisse du spectateur va sedissiper, et les scènes qui suivent, toutes bien inférieurs à celles de la premièremoitié du métrage, ne rattraperont jamais complètement l'affaire. Ainsi, une poursuitedans un champs de maïs semble réveler que John Dahl n'est pas très à l'aise avec lesscènes d'action.


Surtout, la fin d'Une virée en enfer, longue et bâclée, est désespérante debanalité. Tandis que la musique de Marco Beltrami (Scream (1996)...) s'entêteà imiter celle de Psychose par Bernard Herrmann, les rebondissements fastidieux,louchant un peu vers Hitcher, la noirceur audacieuse en moins, s'accumulent defaçon tout à fait ennuyeuse. Le tout est filmé avec un manque de conviction et declasse totalement en contradiction avec le début du métrage. Notons au passage que lafin a été plusieurs fois retournée à la demande des producteurs. Cela a abouti à unrésultat bâtard qui ne les a pas plus satisfait que John Dahl. En l'état actuel, ledernier tiers du métrage ressemble, hélas, à un de ces nombreux slashers pouradolescent, aux péripéties prévisibles et assommantes.


Après un début réussi, bien que peu original, Une virée en enfer sombre danssa seconde moitié dans une banalité bien peu effrayante. En fin de compte, il s'avèreinégal et un peu décevant. Aux USA, il ne rencontra qu'un modeste succès, tout comme enFrance.


Bibliographie consultée

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Merci à Monsieur Sandy Petersen !
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