TocCyclopédie ■ Époques

Hutter, un jeune clerc de notaire, est chargé de se rendre en Transylvanie pour y rencontrer le comte Orlok, un aristocrate solitaire qui souhaite acheter une maison en ville...



Nosferatu le vampire a été réalisé par l'allemand Friedrich Wilhelm Murnau deux ans après Le cabinet du docteur Caligari (1920) de Robert Wiene, film fondateur du cinéma expressionniste allemand. Dans les rôles principaux, on trouve des acteurs comme Gustav Von Wangenheim (Le montreur d'ombre (1923) de Arthur Robison, La femme dans la lune (1929) de Fritz Lang...), ou Gustav Botz (Le crime du docteur Warren (1920) de Murnau, Docteur Mabuse, le joueur (1922) de Fritz Lang...). Le comédien Max Schreck, qui interprète le vampire, n'est pas Murnau lui-même, contrairement à ce que des rumeurs fantaisistes aimeraient, aujourd'hui encore, laisser croire. Cet acteur a ainsi tourné dans au moins une bonne vingtaine d'autres films. Werner Herzog (Aguirre, la colère de Dieu (1972)...) tournera Nosferatu, fantôme de la nuit (1979), un remake de ce classique, avec Klaus Kinski dans le rôle du vampire.

Nosferatu le vampire est une des premières transcriptions cinématographique du roman Dracula, publié par Bram Stoker en 1897. Il a en été précédé par d'autres films, très rares, si ce n'est perdus, tel que Drakula halala (1921) du hongrois Karoly Lajthay. Dans le cas de Nosferatu, le vampire, les producteurs "omirent" du générique les références explicites à ce livre et à ses personnages. Néanmoins, les similitudes avec le récit de Stoker restaient évidente, et, suite à un procès, les copies et le négatif original de cette œuvre furent détruites. Heureusement, on parvint ensuite à reconstituer Nosferatu le vampire dans son intégralité...

Le roman de Bram Stoker mettait en place la figure du vampire telle qu'on la connaît aujourd'hui. En voici rapidement les traits essentiels : vulnérable aux rayons du soleil, ce mort-vivant dort toute la journée dans son cercueil ; à la tombée de la nuit, il part chasser ses victimes humaines dont il boit le sang pour s'alimenter ; en théorie immortel, on peut néanmoins le détruire en lui enfonçant un pieu dans le cœur ; de l'ail ou un crucifix permettent aussi de le tenir à distance ; il est capable de se transformer en animal (loup, chauve-souris...) ou en brouillard, et il n'a pas de reflet dans les miroirs ou les autres surfaces réfléchissantes. Dans ce film, le vampire est loin des élégants personnages qu'interpréteront Bela Lugosi (Dracula (1931) de Tod Browning...) ou Christopher Lee (Le cauchemar de Dracula (1958) de Terence Fisher...) : Nosferatu est un petit être maigre et flétri, ressemblant étrangement aux rats qui l'accompagnent dans son voyage. Déjà, il se repaît du sang des humains, et seuls les rayons du soleil peuvent causer sa destruction.

Friedrich Wilhelm Murnau, le réalisateur de Nosferatu le vampire, est considéré aujourd'hui comme un des grands pionniers de l'art cinématographique, au même titre que des chercheurs aussi inventifs que l'américain D. W. Griffith (Intolérance (1916)...) ou le français Abel Gance (Napoléon (1927)...). Il commence à réaliser des films dès 1919 et, avec Le crime du docteur Warren, adaptation officieuse du roman Docteur Jeckyl et mister Hyde de Stevenson, il aborde déjà le fantastique. Puis, en 1922, Nosferatu le vampire est un grand succès en Europe. La même année, il réalise La terre qui brûle (1922), un drame rural qui l'éloigne du cinéma d'épouvante. Le dernier des hommes (1924), qui raconte la déchéance d'un portier d'hôtel, est un énorme succès international. Il réalise encore quelques films en Allemagne (avec un Faust (1924) par exemple), puis part travailler aux U.S.A, où il fait L'aurore (1927), très bien accueilli par le public et la critique américaine. Il meurt en 1931 dans un accident de voiture.

Le cabinet du docteur Caligari, réalisé par Robert Wiene, avait marqué en 1920 la naissance du cinéma expressionniste en Allemagne. Ce courant a été grand amateur de thèmes fantastiques (déjà présents dans le cinéma allemand auparavant, avec par exemple Le golem (1915) de Wegener et Galeen) et a participé à la mise en place des bases du film d'épouvante. On assiste ainsi à la sorties en Allemagne d'œuvres telles que Le golem (1920) de Paul Wegener et Carl Boese, Le cabinet des figures de cire (1924) de Paul Leni ou Les mains d'Orlac (1924) de Robert Wiene. Nosferatu le vampire est souvent rattaché à ce mouvement artistique : on y retrouve le goût du surnaturel, du terrifiant et du morbide, ainsi que l'utilisation des ombres et des contrastes tranchés. Pourtant, il diffère par bien des aspects des œuvres classiques du cinéma expressionniste. Ainsi, la direction artistique paraît bien sobre comparée aux délires de Caligari. D'autre part, le tournage a eu lieu en grande partie dans des décors naturels, et non dans des studios. Alors que des réalisateurs comme Wiene ou Leni installaient leurs histoires dans des atmosphères urbaines angoissantes, les images les plus insolites que nous proposent ici Murnau proviennent essentiellement de l'observation de la nature : le voyage de Hutter nous fait traverser des vallées oppressantes et des forêts lugubres ; le château d'Orlok est planté au sommet d'une montagne gigantesque qui se détache devant des nuages tourmentés ; sur une plage désolée, une maigre jeune fille contemple les flots déchaînés de l'océan... Cette esthétique de la nature sauvage et de la ruine semble en fait bien plus proche des peintres romantiques allemands, comme Gustav Friedrich, que d'artistes expressionnistes comme Kirschner ou Kokoschka.

Murnau parvient à introduire une sensation d'étrangeté dans son film en recourant à d'audacieuses expérimentations. Il utilise avec beaucoup d'intelligence les nouvelles opportunités artistiques que permettent en 1922 les prises de vue par une caméra de cinéma : ralentis, accélérés, négatif, enregistrement image par image... Il va même jusqu'à intégrer dans cette œuvre fantastique des images qui sembleraient plus à leur place dans un documentaire scientifique : on assiste ainsi aux déplacements fascinants de minuscules organismes observés au microscope. Ces trouvailles géniales ajoutent habilement une touche d'insolite purement cinématographique.

Mais, le plus fascinant dans ce Nosferatu le vampire est l'imagerie morbide déployée par le réalisateur. Cercueils, processions funéraires, croque-morts, pestiférés, rats porteurs de maladies, cimetières, plante carnivore... : cette accumulation de détails macabres indique une obsession évidente pour tout ce qui touche à la mort. L'originalité et la force de l'imagination de Murnau dans ce domaine sont hallucinantes : un radeau transporte des cercueils sur un torrent furieux, une vieille horloge est ornée de squelettes ricanants, une file de cercueils portés par des hommes en noir traversent une ville déserte... Ces visions inoubliables participent largement à la puissance de cette œuvre unique.

La séquence de la mort du vampire évoque déjà un élément déterminant du cinéma d'épouvante postérieur : le monstre romantique. Ensorcelé par la beauté et la pureté d'Ellen, Orlok oublie de se soucier du lever du jour et, pris au piège, il est détruit par les rayons du soleil. Il est ainsi un des premiers monstres tragiques, annonçant ceux qui vont hanter, notamment, l'âge d'or du film d'horreur américain (Le fantôme de l'opéra (1925) de Rupert Julian, La fiancée de Frankenstein (1935) de James Whale, La momie (1932) de Karl Freund...).

Plus de soixante-dix ans après sa réalisation, Nosferatu le vampire reste un splendide poème d'images macabres à la magie funèbre encore bien vivace. Historiquement, il est une date fondamentale de la mise en place du mythe cinématographique du vampire, qui deviendra le monstre le plus plus populaire du cinéma fantastique. En effet, avec l'arrivée du parlant, la compagnie américaine Universal produira avec beaucoup de succès Dracula (1931) interprété par Bela Lugosi, et ces créatures deviendront un archétype récurent du film d'épouvante (Le cauchemar de Dracula (1958) de Terence Fisher, Dracula (1993) de Coppola, Dracula 2001 (2000)...).

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2 versions ,2 sentiments differents
■ greebo 09/11/2003
J'ai vu Nosferatu l'original en noir et blanc,et celui en couleur avec Klaus Kinski
Il n'y a pas de doute celui en noir et blanc possède quelque chose en plus : une atmosphère trés malsaine dut peut-être au fait qu'il soit muet et sans couleur,
Un film qui fait froid dans le dos,chaque apparition du vampire devient un tour de force pour les nerfs
Mais pas seulement lui ,les acteurs expriment une terreur qui à mon avis passe inapercu dans celui en couleur

En conclusion un film bien malsain et ténébreux à voir absoluement avec de l'ail et un crucifix
Pour moi un très bon film
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