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Tommy se rend au cimetière où Jason a été enterré afin de brûler son corps. Il pense qu'ainsi, Jason ne pourra plus jamais revenir. Mais, le cadavre est frappé par la foudre et revient à la vie. Jason est désormais un zombie que seule la magie pourra vaincre...



Vendredi 13 chapitre 6 : Jason le mort-vivant est la suite de Vendredi 13, chapitre 5 : une nouvelle terreur (1985) de Danny Steinmann. Il est réalisé par Tom McLoughlin, qui venait de réaliser One dark night (1983), un petit film d'horreur. Après Vendredi 13 chapitre 6 : Jason le mort-vivant, il dirigera une comédie fantastique (Date with an angel (1987)) et l'adaptation d'une nouvelle de Stephen King (Vengeance diabolique (1991), sorti seulement en vidéo en France). Ensuite, il travaillera pour la télévision tout au long des années 90, avant de tourner The unsaid (2001), un thriller avec Andy Garcia (Les incorruptibles (1987) de Brian De Palma...). Pour le rôle de Tommy Jarvis, adversaire de Jason depuis Vendredi 13 : chapitre final (1984), John Shepherd cède la place à Thom Mathews (Le retour des morts-vivants (1985)...).

Au milieu des années 80, la popularité de la série des Vendredi 13 est à son apogée. Bien que ces films soient médiocres, Jason est devenu un véritable mythe populaire chez les jeunes américains, et la Paramount engrange de confortables recettes à  la sortie de chaque nouvel épisode. Néanmoins, les nombreux fans ont été assez déçus par Vendredi 13, chapitre 5 : une nouvelle terreur dans lequel Jason n'intervient pas, son masque étant porté par un imposteur. La Paramount se plie à leurs exigences et fait revenir le croquemitaine dans ce nouvel épisode, en proposant une situation (voir le résumé) en parfaite contradiction avec la conclusion de l'épisode précédent (Tommy Jarvis prenait le masque de Jason et devenait un tueur). Le scénariste-réalisateur Tom McLoughlin expliquera dans une interview que Vendredi 13, chapitre 5 : une nouvelle terreur correspond aux cauchemars qui hantent Tommy, ce qui explique pourquoi il tient tant à brûler les restes de Jason dans ce nouveau volet : cela semble tout de même assez tiré par les cheveux. Qu'importe, le but était avant tout de proposer un épisode plus traditionnel aux fans de Vendredi 13, à qui les originalités du cinquième volet avaient déplu. On note encore qu'au milieu des années 80, des associations réactionnaires, proches du gouvernement républicain alors en place, militaient contre la "corruption" qui "menaçait" la jeunesse américaine (films d'horreur, hard rock, jeux de rôles...). La commission de classification des films (le MPAA) va alors redoubler de sévérité et, après le relatif libéralisme du début des années 80, va exiger de nombreuse coupes dans les films violents avant de leur délivrer la mention R, qui leur permet de jouir de conditions d'exploitation correctes sur le marché US. Une série aussi populaire auprès du jeune public que les Vendredi 13 sera évidemment en première ligne, et Vendredi 13, chapitre 6 : Jason le mort-vivant, tout comme Vendredi 13, chapitre 7: Un nouveau défi (1988), subira de nombreuses coupures, ce qui va entraîner un ramollissement conséquent de la brutalité des meurtres. Ce réveil de la censure peut aussi expliquer la désaffection progressive qui va frapper les slashers traditionnels, comme les Vendredi 13 ou les Halloween, à la fin des années 80 et au début des années 90.

Vendredi 13, chapitre 6 : Jason le mort-vivant s'ouvre sur une séquence d'inspiration gothique, dans laquelle Tommy vient déterrer le cadavre de Jason au cours d'une nuit d'orage, au cœur d'un cimetière lugubre. Il plante une pique de métal dans son cœur, à la manière d'un chasseur de vampires, mais la foudre s'abat sur ce paratonnerre imprévu et fait revenir Jason à la vie, tel le monstre de Frankenstein. Après un séjour prolongé dans la tombe, notre croquemitaine a désormais un look de mort-vivant décomposé, qui suit la mode des zombies, assez vivace à l'époque (la vidéo Thriller (1983) de Joe Dante pour Michael Jackson, Le retour des morts-vivants, Le jour des morts-vivants (1985) de George Romero...).

Après cette séquence d'ouverture relativement réussie, le reste du scénario est absolument sans surprise. De jeunes moniteurs s'installent au camp de Crystal Lake (désormais rebaptisé Forest Green pour tenter de faire oublier les multiples massacres qui s'y sont déroulés), et Jason vient les massacrer un par un, tandis que Tommy tente laborieusement de mettre au point un plan pour neutraliser cet infatigable zombie. Ce manque d'originalité participe à la fadeur de cette oeuvre, encore aggravée par une absence presque totale d'érotisme (pas de paire de seins en vue !), et surtout par la mollesse des mises à mort. C'est évidemment la censure du MPAA qui est responsable de cet absence de gore dans ce volet : en effet, il semble que presque tous les meurtres étaient excessivement sanglants dans leurs versions originales, et Vendredi 13, chapitre 6 : Jason le mort-vivant aurait sans doute du être aussi violent que son prédécesseur. On  note d'autre part l'introduction de nombreux éléments humoristiques, le plus célèbre étant l'apparition dans le générique d'une séquence évoquant le célèbre plan qui amorce les génériques de James Bond (le célèbre espion britannique étant remplacé par Jason lançant sa machette vers la caméra). Les références et clins d'oeil au spectateur sont multiples, ce qui annonce, avec une dizaine d'années d'avance, Scream (1996) de Wes Craven.

Mais cela ne suffit pas à sauver ce segment très médiocre et profondément ennuyeux de la série des Vendredi 13. Dénué d'innovation dramatique et de séquence gore, il n'a rien de consistant à offrir à l'amateur d'épouvante. Si on ajoute à cela les défauts habituels de la série (personnages sans intérêt, interprétation consternante), on obtient un film bien pénible. On se consolera avec l'excellente chanson (He's back (the man behind the mask)) qu'Alice Cooper a consacré à Jason et qui est diffusé pendant le générique de fin. On notera aussi que les recettes de ce film (moins de 20 millions de dollars) restent confortables si on les rapporte aux budgets des films de la série Vendredi 13, mais indiquent aussi une lassitude du public américain, qui va un peu laisser tomber Jason pour s'intéresser, à partir de Les griffes de la nuit (1984) de Wes Craven, à Freddy Krueger et à ses mises à mort surréalistes, qui dominera le paysage de l'épouvante américaine au cours de la seconde moitié des années 80.

PS : Sur Internet Movie Database, les anglophones trouveront la longue liste des modifications exigées par le MPAA. Il semble que tous les crimes du film aient été censurés à un niveau ou à un autre !

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Merci à Monsieur Sandy Petersen !
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