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En Nouvelle-Zélande, les services secrets envoient un commando pour enquêter sur des évènements étranges se déroulant dans un petite ville côtière. Il découvre qu'une colonie d'extra-terrestres mangeurs d'hommes s'y est installée...



Peter Jackson naît en 1961 dans une petite ville de Nouvelle-Zélande. Très tôt, il se met à la caméra super 8 et réalise avec ses amis des petits films de guerre. Il s'intéresse aussi aux trucages, et se passionne notamment pour les créatures animées image par image de Ray Harryhausen (dans Le septième voyage de Sinbad (1958) de Nathan Jura ou Jason est les argonautes (1963) de Don Chaffey...). Plus tard, il se consacre à un film de vampires, inachevé, tourné en super 8 avec un objectif cinémascope. Il trouve un travail pour un journal local, dans le domaine de la photogravure. A 21 ans, il acquiert une caméra 16 mm et commence à tourner un court métrage, les week end, avec l'aide de collègues et d'amis, pour lequel il conçoit les effets spéciaux et interprète deux rôles Finalement le tournage se prolonge sur trois ans. Grâce à l'aide de New Zeland film commission, il peut peaufiner les derniers détails de son film avec des professionnels. Ensuite, après encore une année de post-production, Bad taste est montré au marché du film de Cannes...

Bad taste appartient donc à cette catégorie d'oeuvres d'épouvante bricolées avec très peu de moyens par des cinéastes amateurs, généralement dans des recoins perdus du monde civilisé, monopolisant tout leur temps libre te celui de leurs amis et de leur famille à leur rêves de cinéma. Déjà, La nuit des morts-vivants (1968) de George Romero, produit à compte d'auteurs et interprété par des amateurs, avait ouvert cette voie dans le domaine de l'horreur, en alliant qualité cinématographique, originalité dans le traitement de son sujet fantastique à un succès commercial certain ; mais ce réalisateur bénéficiait néanmoins de l'infrastructure technique d'une petite compagnie spécialisée dans le tournage de publicités. De même, avec La dernière maison sur la gauche (1972) de Wes Craven et Massacre à la tronçonneuse (1974) des cinéastes peu fortunés pouvaient aussi tourner, dans leur coin, des œuvres fortes, innovantes et capables d'atteindre le grand public. Evil dead (1982) de Sam Raimi, tourné par une troupe entièrement non-professionnelle, inspiré par Romero et Hopper, vint rejoindre ces avant-gardistes du bricolage, et y ajoute une saisissante virtuosité technique et des effets spéciaux impeccable. Et pourtant, il s'agit d'un film tourné les week end, par une équipe de bénévoles, menées par un bricoleur passionné. Bad taste, dont le tournage commença vers 1983, s'inscrit dans cette tradition. Mais son petit plus est un sens de l'humour très développé, avec une manière de traiter la violence et le gore sur un ton très nettement burlesque, poursuivant ainsi le travail amorcé par George Romero (Zombie (1978)...), Sam Raimi (Evil dead...) et, surtout, Stuart Gordon (Re-animator (1985)...).

Le récit de Bad taste, parodiant allègrement les films de science-fiction américains des années 50 dans le style de Les soucoupes volantes attaquent (1956) de Fred F. Sears, n'est évidemment qu'un prétexte. Des extra-terrestres attaquent un petit village néo-zélandais et en tue tous les habitants afin de vendre leur viande dans des fast food intergalactiques. Cet argument rappelle un des sketchs les plus fameux de la série TV La quatrième dimension, dans lequel des extra-terrestres, apparemment bien intentionnés, enlevait des humains afin de les cuisiner selon des recettes contenues dans un ouvrage portant un titre à double-sens : Comment servir l'homme ! Dans Bad taste, le gouvernement néo-zélandais envoie un commando pour sauver le monde : il s'agit en fait de quatre psychopathes assez inexpérimentés et ballots, qui vont affronter une armée d'ouvriers extra-terrestres de troisième classe passablement abrutis (il existe apparemment des cloisonnements sociaux très stricts chez les martiens entre les cols bleus et les cols blancs !). Bad taste est donc avant tout une comédie, parodiant le cinéma d'épouvante et le film de guerre, notamment, à travers le personnage irresponsable d'Ozzy, la vague des Chuck Norris (Portés disparus (1984)...) et des Stallone (Rambo II (1985) de George P. Cosmatos...) qui sévissaient alors sur les écrans occidentaux. L'humour est donc grinçant, et les institutions les plus respectables sont joyeusement brocardés : armée, reine d'Angleterre, animaux (la mythique explosion d'un mouton)... Tout le monde en prend pour son grade dans les délires sanglants de Jackson, qui avouait déjà l'influence des Monty Python sur son oeuvre. Dans Bad taste, les personnages se découpent à la tronçonneuse, un personnage vomit des litres de liquide vert dont se régalent ses compagnons, les boîtes crâniennes explosent, les rafales de mitrailleuses arrachent des bras... Face à cette accumulation de gags gore, il est en effet difficile de ne pas penser à certains des sketchs les plus provocateurs de ces comiques anglais, notamment l'explosion du trop gourmand Mr. Crosoete dans Monty Python : le sens de la vie (1983) de Terry Gilliam et Terry Jones.

Vu les conditions "non-professionnelles" du tournage de Bad taste, premier long métrage de son réalisateur, on ne s'étonne pas de constater certains raccords assez heurtés et des approximations techniques évidentes dans le découpage. En cela, il est un peu en retrait comparé à la finition d'un Evil dead. Pourtant, Peter Jackson y fait aussi preuve d'un très grand talent de bricoleur, en se confectionnant une steadicam à l'aide de matériel de récupération, ou encore en confectionnant une grue de fortune. Son travail sur les effets spéciaux sont extrêmement soignés et spectaculaires, particulièrement les multiples effets gore, avec prothèses et jets de sang, les déguisement des extra-terrestres, ou l'envol du "vaisseau spatial". Le tout est dynamisé par un montage extrêmement serré (la caméra portable Bollex utilisée ne pouvait pas, de toute façon, filmer plus de 30 secondes à la suite) et un enchaînement de gags et de péripéties énergiques ininterrompu et toujours inventif.

Surtout, ce qui séduit le plus dans Bad taste, c'est la liberté de son ton et de sa réalisation. Son titre ("mauvais goût") est à lui seul tout un programme, que Jackson va s'appliquer à suivre durant quatre-vingt dix minutes. Sans scénario pré-écrit, le film se construit au cours de trois ans d'inventions, d'improvisations et de trouvailles. Et, si les conditions financières ne sont pas évidente, aucune pression artistique ou morale d'aucune sorte ne pèse sur Jackson et sa bande. Toutes les folies sont permises, toutes les grossièretés, les impertinences et les provocations sont admises, tant qu'elles sont drôles. Il émane de Bad taste une impression de liberté, la légèreté d'un film fait entre amis pendant des vacances, le tout étant transcendé par la débrouillardise et la maîtrise technique de Peter Jackson. Bad taste est un film drôle, qui reste, quinze ans après sa sortie, irrémédiablement sympathique.

Bad Taste est d'abord montré au marché du film de Cannes, puis au festival du film fantastique de Paris, où il fait un tabac. Il est finalement distribué en salles : quelques copies sont lâchées sur Paris, promues par une affiche complètement hors-sujet. Au bout de 15 jours, la carrière parisienne de Bad taste est terminée. Pourtant, Bad taste fait le tour du monde, et sa sortie en vidéo dans notre pays (avec, enfin, la vraie affiche : celle avec l'alien faisant un doigt d'honneur) achève d'asseoir la popularité de Peter Jackson en France. Il envisage ensuite un Bad taste 2, puis hésite entre un film de zombies et une oeuvre mêlant aventures et heroic fantasy. Mais il ne parvient pas à obtenir des budgets suffisants, et il se replie sur Les Feebles (1989), un film de marionnettes trash parodiant le show TV américain du Muppet show : Un peu moins réussi que Bad taste, il sort néanmoins en salle en France, mais c'est à nouveau un bide. Enfin, il parvient à rassembler un budget suffisant pour monter son fameux film de zombies : Braindead (1992).

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"Mais non, vise la tête...
■ Fab 22/09/2003
... ça l'arrêtera net !"

1987 : le monde incrédule découvre celui qui va devenir l'un des réalisateurs les plus importants de ces 20 dernières années : Peter Jackson !

Et pour une entrée en matière, quelle entrée !! On se poile du début à la fin de ce film OVNI, alors que des hectolitres de sirop d'érable et de tripes en latex (avec un peu de cervelles d'agneau aussi) se déversent devant les yeux du spectateur ébahi. La réalisition est impeccable vu les moyens (le budget total, avec l'aide de la New Zealand Film Commission en 86 est estimé à 150.000 $ NZ) : Jackson nous montre déjà sa grande maitrise des mouvements de caméra.

A voir et à revoir, en famille (à ce propos c'est ce que Jackson voulait faire avec Braindead : du gore familial ! ), histoire de se poiler un bon coup devant ce monument du cinéma des années 80.

Pour rejoindre Vonv à propos du regretté mouton, l'idée est venu à Peter Jackson et à l'un de ses potes, un après-midi, alors qu'ils arpentaient la campagne néo-zélandaise : avant le coucher du soleil, l'explosion était dans la boîte !! :)
Le délire !
■ Docteur Clarendon 31/07/2003
Un film pas sérieux qui fait vraiment amateur ! Il n'y a pour ainsi dire aucuns effets spéciaux dignes de ce nom mais tout dans le film est bricolage. Une note sympa cependant car on passe tout de même un bon moment devant ce film atypique.
Peter, il est plus gore que toi !
■ Vonv 06/07/2003
Mouaaaaaaaaah c'te déconn' !
Je suis pas le premier fan de ce genre de film mais c'est distrayant : c'est truffé de jeux de mots à la con, de situations plus ou moins crétines et sans aucun sens, de litres de jus de tomate, d'éclatages de tête, d'évicération en gros plans,...

C'est du gore série Z au tournage un tantinet cheap... Mais bon il faut remarquer que les effets spéciaux sont quand même bien sympa et malgré le côté "fait main", ça passe bien et c'est assez jouissif.

A voir en famille le dimanche après-midi à la place de Vidéo gag :)

Une pensée pour le mouton qui se fait exploser de façon gratuite :)
BAD TASTE
■ CHRISTIEN
BAD TASTE N'EST PAS DE MAUVAIS GOUT C'EST TOUT SIMPLEMENT UN REGALE D'HOREUR BIEN
D'EGOUTANT.
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Merci à Monsieur Sandy Petersen !
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