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Le docteur Fausto, un docteur renommé spécialisé dans le traitement des malades en phase terminale, se rend à un congrès médical. A l'occasion de ce voyage, il rencontre par hasard un dénommé Santos, un patient qu'il a soigné il y a huit ans. Or, Fausto ne lui avait alors donné que quelques jours à vivre...



Fausto 5.0 s'inscrit en fait dans le cadre d'une trilogie Faustienne élaboréepar la troupe de Théâtre espagnole la Fura del Baus. Considérant que le Faustécrit par Goethe correspond à "Faust 1.0" et que le film Faust (1926)de Murnau est "Faust 2.0", ils ont monté un spectacle de théâtre dénommé Faust3.0, puis l'opéra La damnation de Faust ("Faust 4.0", donc). Lesdirecteurs de cette troupe, Carlos Padrissa et Alex Olle, ont alors l'idée de poursuivrece cycle avec un film pour le cinéma.Comme ils n'ont jamais abordé directement laréalisation, ils font appel à Isidro Ortiz, qui a travaillé jusque là pour latélévision et la publicité, afin qu'il s'occupe avant tout de la technique. C'estpourquoi Fausto 5.0 a la particularité d'avoir trois réalisateurs à songénérique. Fernando Leon de Aranoa (lui-même réalisateur de films remarqués, comme Familia(1997)...)  est chargé d'en rédiger le scénario. Le rôle du docteur Fausto esttenu par Miguel Angel Sola, un acteur argentin très réputé, mais contraint à l'exil enEurope pour des raisons politiques : on l'a notamment vu dans Le sud (1987) deFernando O. Solanas (à qui ce film valut un prix du meilleur réalisateur à Cannes) ou Tango(1998) de Carlos Saura. On y trouve aussi Najwa Nimri (Ouvre les yeux (1988)d'Amenabar, Les amants du cercle polaire (1998) et Lucía y el sexo (2001)de Julio Medem...).
Dans cette nouvelle variation sur le mythe de Faust, le docteur Fausto est un chirurgienspécialisé dans le traitement de malades en phase terminale. Il vit donc parmi lescadavres et les agonisants, entouré en permanence par une lourde ambiance de mort. Seconsacrant corps et âme à son travail, il ne s'accorde aucun échappatoire à sa lourdetâche et passe sa vie dans l'ambiance sinistre des hôpitaux et des blocs opératoires.Malgré l'attention de son assistante Julia, il perd progressivement le goût de la vie etest hanté par des hallucinations macabres et des pulsions suicidaires. Pourtant, àl'occasion d'un voyage professionnel qui l'entraîne à Barcelone, une ville où il n'ajamais été, le docteur Fausto va faire une étrange rencontre qui lui permettra dechanger sa vie pour le meilleur ou pour le pire...


Comme dans tout bon film faustien, il faut un personnage mephistophelien, dans latradition d'Emil Jannings (Faust et Le dernier des hommes (1924) deMurnau...), Michel Simon (La beauté du Diable (1950) de René Clair...) ou PaulWilliams (Phantom of the Paradise (1974) de Brian De Palma...). Ici, Faustorencontre un dénommé Santos Vella dès son arrivée à Barcelone. Santos, un personnagebavard, hâbleur et exubérant, prétend avoir été un patient de Fausto huit ansauparavant : le médecin lui aurait pronostiqué une mort certaine, mais, néanmoins, il asurvécu, et ce malgré l' ablation de son estomac. Santos affirme vouloir faire lebonheur de Fausto et prétend être capable d'exaucer tous ses souhaits. Le médecin leprend d'abord pour un imposteur et un original un peu collant. Pourtant, Santos vaeffectivement deviner ses désirs les plus secrets et les réaliser...


Comme souvent dans ce style de film, le personnage du tentateur diabolique se doit d'êtreun peu excessif, voire assez cabotin. Mais à la différence des autres films faustiens,Santos ne propose pas quelque chose que Fausto admet désirer (la réussite professionnel,la vengeance...), mais va assouvir les désirs intimes et érotiques que le docteur,rongé par des frustrations de tout ordre, ne parvient même pas à s'avouer à lui-même.Il prendra goût à la vie d'excès que lui offre son étrange bienfaiteur, maisl'accomplissement de ses fantasmes, souvent d'ordre sexuel, va s'accompagner de visionsdémoniaques de plus en plus traumatisantes... Dès lors, le spectateur s'inquiète unpeu. Qu'est-ce donc que ce film qui présente tout ce qui relève de l'assouvissement despulsions sexuelles comme démoniaque et malsain ? Aurait-on affaire à un film qui, sousune forme d'une modernité ostentatoire, cache une mentalité réactionnaire et pudibonde?


Hé bien non ! Car, après une bonne heure et demi de métrage, le film se permet unerévélation-choc, qu'on se gardera bien de révéler ici, qui va complètement renverserle point de vue du spectateur sur le métrage qu'il vient de voir et éclairer d'une toutenouvelle lumière les rapports entre Fausto et Santos. Hélas, comme dans Usualsuspects (1995) de Bryan Singer, ce genre de révélation finale donne un peul'impression au spectateur d'avoir été pris pour un imbécile qu'on a pris un malinplaisir à bluffer. De plus, ici, le reste du récit semble manquer gravement desubstance, si bien que la plupart du scénario évoque un peu du remplissage, exploitantparesseusement les classiques situations faustiennes de tentation. Eduard Fernandez, quiincarne Santos, est donc réduit à un cabotinage vite énervant tandis que l'évolutiondu récit parait fort prévisible. Il semble que les réalisateurs ont préféré seconsacrer à un travail sur l'atmosphère. Hélas, malgré un soin évident porté à cetaspect du film, on peut trouver que tout cela sent un peu le recyclage et la facilité.Après l'incontournable générique de style Seven (1995), on a donc droit àtoute une série d'effets gratuits censés oppresser le spectateur (image bleutée,tremblotements, exposition instable, flashs...). Hélas, cela rappelle surtout certainespublicités ou photographies de mode très léchées, et l'effet n'est guère probant. Deplus, à la manière de The cell (2000) de Tarsem Singh, Fausto 5.0 recyclede façon assez gratuite la dernière décennie d'art contemporain et diverses modes (lefétichisme médical par exemple...). Faute d'une histoire suffisamment intéressante etclaire (tout ne s'explique vraiment qu'à la révélation finale), le film semble n'êtrequ'un spectacle soigné, mais assez creux et ennuyeux.


Fausto 5.0 semble avoir privilégié la forme plutôt que le fond et, malgré desintentions louables, il peut paraître bien ennuyeux, faute d'une véritable histoireconstruite solidement. Toutefois, ce film allait rencontrer un beau succès dans lesfestivals de cinéma fantastique où il est montré : il reçoit le Grand Prix du festivalde Gerardmer en 2002, et est aussi récompensé à Bruxelles ou à Fantaporto. Mais, il nesera pas vraiment un succès en Espagne.



Bibliographie consultée :

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Merci à Monsieur Sandy Petersen !
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