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A Londres, des jeunes femmes sont assassinées en pleine nuit. A chaque fois, un doigt de la victime est sectionné et emporté par le tueur. La police s'avère incapable de résoudre ces crimes et fait appel au détective Sherlock Holmes.



La femme en vert s'inscrit dans le cycle de quatorze films américains tournés entre 1939 et 1946, dans lesquels le détective Sherlock Holmes est interprété par le comédien Basil Rathbone (Les aventures de Robin des bois (1938) de Michael Curtiz et William Kighley, Le fils de Frankenstein (1939) aux côtés de Boris Karloff et Bela Lugosi...). Inaugurée par deux films ambitieux de la 20th Century Fox (Le chien des Baskerville (1939) et Sherlock Holmes), cette série est reprise par la Universal qui produit douze épisodes. Les aventures proposées par cette compagnie sont tournées à la chaîne, souvent avec des budgets modestes, à partir de La voix de la terreur (1942) de John Rawlins jusqu'à La clef (1946) de Roy William Neill. Tout au long des quatorze films, c'est Nigel Bruce (La charge de la brigade légère (1936) de Michael Curtiz, Rebecca (1940) d'Alfred Hitchcock, Les feux de la rampe (1952) de Charles Chaplin...) qui incarne le docteur Watson : ce personnage aura tendance, dans les derniers épisodes, à servir de plus en plus de faire-valoir ridicule à Holmes. Comme tous les autres films de la série Universal (exceptée La voix de la terreur), La femme en vert est réalisé par Roy William Neill (Baron Gregor (1935) avec Boris Karloff, Frankenstein rencontre le loup-garou (1942)...). Holmes y affronte le professeur Moriarty, son ennemi juré, incarné ici par Henry Daniell (spécialiste des rôles de méchants : La vie privée d'Elizabeth d'Angleterre (1939) de Michael Curtiz, Le dictateur (1940) de Chaplin, Le récupérateur de cadavres (1945) de Robert Wise... ; on avait déjà rencontré Henry Daniell dans le Sherlock Holmes La voix de la terreur, mais il n'interprétait pas Moriarty). Dans cette série des Holmes-Rathbone, Moriarty était déjà apparu sous les traits de George Zucco (La main de la momie (1940)...) dans Sherlock Holmes ; et de Lionel Atwill (Masques de cire (1933) de Michael Curtiz...) dans Sherlock Holmes et l'arme secrète (1942).
La femme en vert, onzième de la série (sur quatorze, pour ceux qui ne suivent pas !), succède à La maison de la peur (1945) et précède Mission au soleil (1945). Des meurtres inexpliqués de jeunes femmes sont commis à Londres, et la police voit se profiler la menace d'une nouvelle affaire "Jack l'éventreur". Les indices sont maigres : le tueur coupe un doigt à chacune de ses victimes. C'est peu. On fait appel à Sherlock Holmes... Celui-ci n'est pas dupe et, derrière cette banale et sordide affaire criminelle, il voit se dessiner un complot autrement plus vaste et machiavélique dans lequel seraient impliqués une étrange et séduisante femme en vert ainsi que le terrible professeur Moriarty... Au passage, on remarque qu'une partie du film (le tireur embusqué) est inspirée par la nouvelle de Conan Doyle La maison vide : toutefois, le reste du scénario est original et ne doit pas grand chose aux romans mettant en scène Sherlock Holmes.

Souffrant d'un budget apparemment réduit et d'un temps de tournage sans doute assez court, La femme en vert est filmé dans des décors peu variés et réalisé de manière terriblement statique. Les mouvements de caméra sont forts rares, ainsi que les scènes d'action (seules les cinq dernières minutes sont spectaculaires). Il résulte de tout cela un film plutôt bavard et manquant d'originalité. De plus le rythme du récit est parfois brisé par des séquences à l'utilité tout à fait discutable (Watson tourné en ridicule au cours d'une réunion sur l'hypnotisme par exemple...).

Pourtant, on se console avec l'interprétation toujours excellente de Basil Rathbone en Sherlock Holmes : il faut le voir échafauder des hypothèses dans son appartement, vêtu de sa fameuse robe de chambre, tirant sur sa pipe et arrachant quelques grincements à son violon ! Henry Daniell est une excellent Moriarty, antipathique à souhait, tout frémissant de haine et de mauvaises intentions. A ce titre, l'entrevue glacée, mais courtoise, entre Holmes et son ennemi de toujours dans l'appartement de Baker Street est un vrai régal ! De plus, le travail sur les décors et les éclairages en noir et blanc, s'appuyant sur le savoir-faire des techniciens de la Universal en la matière, restent tout à faits réussis et proposent une atmosphère mystérieuse à souhait. Toutefois, det épisode, comme les onze autres tournés par cette compagnie, se déroulent dans les années 30/40, et les amateurs d'ambiance Gaslight et XIXème siècle seront peut-être un peu déçus... La progression du récit est globalement assez satisfaisante : si certains rebondissements souffrent d'être trop prévisibles (la fin...), l'ensemble de l'intrigue est très correctement échafaudée et saura surprendre le spectateur qui ne pourra, à nouveau, qu'admirer l'intelligence et l'intuition de Holmes.

Malgré des défauts, sans doute dus en partie à une certaine usure de la série, La femme en vert reste un agréable divertissement policier au scénario correct, à l'atmosphère mystérieuse réussie et à l'interprétation irréprochable. Après cette trouble histoire de "serial killer", Sherlock Holmes allait vivre des aventures moins connectées au monde de l'horreur. Dans Mission au soleil (1945), il escorte un Prince de sang royal pour une dangereuse croisière à bord d'un navire ; dans Le train de la mort (1946), Holmes surveille un précieux joyau au cours d'un voyage en train. En 1946, avec La clef, on retournera dans un domaine plus proche de l'épouvante : mais ce sera la dernière aventure de Sherlock Holmes interprétée par Basil Rathbone au cinéma. En effet, alors même que de nouveaux épisodes étaient déjà en préparation, cet acteur se sentant trop prisonnier de ce rôle décida de tourner le dos à ce personnage et au cinéma pour se consacrer avant tout au théâtre. Il reviendra toutefois dans des grands rôles sur le grand écran à partir de La grande nuit de Casanova (1954) de Norman Z. McLeod.

Bibliographie consultée
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