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Marie est une vampire qui vit de nos jours dans une grande ville américaine. Elle ne se nourrit que du sang de malfaiteurs et de personnes méritant, selon elle, de mourir. Mais, une nuit, elle infecte Sal, un caïd de la mafia locale, qui parvient ensuite à lui échapper. Il devient un vampire...



Après le film à sketchs La quatrième dimension (1983) (co-réalisé avecGeorge Miller, Joe Dante et Steven Spielberg), John Landis abandonne le cinémafantastique pour se consacrer essentiellement à la comédie avec : Série noire pourune nuit blanche (1984), une comédie policière ; Drôles d'espions (1985)avec Chevy Chase et Dan Aykroyd ; Three amigos (1986), un western parodique avecChevy Chase et Dean Martin. Puis, il participe à la réalisation de l'inclassable etdélirant Cheeseburger film sandwich (1985). Il rencontre un énorme succèscommercial avec Un prince à New York (1988) interprété par Eddie Murphy. Mais,les résultats mitigés de L'embrouille est dans le sac (1990) (remake de lacomédie française Oscar (1967), interprété par Sylvester Stallone !)encourage le réalisateur de Le loup-garou de Londres (1981) à revenir aufantastique. C'est chose faite avec cet Innocent blood dans lequel il aborde lethème des vampires. Il met en vedette l'actrice française Anne Parillaud, trèsremarquée par les américains dans Nikita (1990) de Luc Besson. A ses côtés,on reconnaît Chazz Palminteri (Coups de feu sur Broadway (1994) de Woody Allen, Usualsuspect (1995)...), Robert Loggia (Scarface (1983) de Brian De Palma, Losthighway (1997) de David Lynch...) et quelques réalisateurs venant faire desapparitions-clins d'oeil (Dario Argento (Suspiria (1977)...), Sam Raimi (Evildead (1982)...), Frank Oz (Dark Crystal (1982)...)...).
Le début des années 1990 a été marqué par le retour en force des vampires. Certes, ily a toujours eu des productions consacrées à ces monstres dans les années 1980, mais ils'agissait en général de budgets plutôt modestes : Vampire, vous avez dit vampire ?(1985) de Tom Holland, Aux frontières de l'aube (1987) de KathrynBigelow... Mais les choses vont changer quand Francis Ford Coppola va préparer uncoûteux Dracula (1992). Les films de vampires vont se multiplier, d'autant plusque cette grosse production va connaître un très beau succès. Parallèlement autournage de ce Dracula, Landis réalise ce Innocent blood, tandis quesort un autre petit film vampirique : Buffy the vampire slayers (1992), quiengendrera une série télévisée bien connue, Buffy contre les vampires ! Onallait voir débarquer le très beau Entretien avec un vampire (1994) deNeil Jordan, Un vampire à Brooklyn (1994) de Wes Craven avec Eddie Murphy (cesera un bide), puis la parodie Dracula : mort et heureux de l'être (1995) de MelBrooks, avec Leslie Nielsen dans le rôle-titre. Tout au long des années 1990, lesvampires allaient s'avérer une valeur sûre pour le fantastique au cinéma, avec destitres aussi variés et populaires que Une nuit en enfer (1996) de RobertRodriguez, Vampires (1998) de John Carpenter, Blade (1998) de StephenNorrington...


Comme il l'avait fait avec Le loup-garou de Londres, John Landis se propose dedonner une version moderne, à la fois pour le contexte et pour l'approche, d'un grandmythe du fantastique. Ici, Marie est une très belle vampire vivant dans une grandemétropole américaine pendant les années 1990. Pour se nourrir de sang, elle choisit sesvictimes parmi la racaille de cette ville. Quand elle apprend qu'une guerre des gangss'amorce, elle se réjouit de cette situation qui va lui permettre de se ravitaillerfacilement sans que cela ne fasse trop de remous. Une mort voilente de plus ou de moins nefera pas unegrande différence. Dans Innocent blood, les vampires,quasi-invulnérables, ne sont détruits que par lorsqu'ils sont atteints au cerveau (parballe par exemple) ou par l'action destructrice des rayons du soleil. Par contre, ils necraignent guère les crucifix (Marie va même se réfugier dans une église), ni certainespratiques du style "pieu dans le cœur". D'autre part, les vampires ontautant besoin de sang que de sexe : cette innovation va permettre à Landis de renforcerl'érotisme inhérent à ce style de film (particulièrement depuis Le cauchemar deDracula (1958) réalisé par Terence Fisher pour la Hammer...). Il trouve avec AnneParillaud l'actrice idéale pour tenir ce rôle : belle, très sexy, consciente de sonpouvoir de séduction, elle interprète à merveille cette femme-vampire indépendante etattachante. On apprécie à ce titre la magnifique nuit d'amour que Marie passe avec JoeGennaro, point culminant de l'histoire d'amour entre la vampire et le policier de labrigade anti-gang, qui est peut-être le passage le plus réussi du film.


Marie est aussi une vampire qui a une morale. Et à ce titre, elle va devoir affronter undangereux vampire qu'elle a, malgré elle, lâché sur la ville : le gangster Sal"The Shark" Macelli. En effet, comme tous les vampires, elle ne peut sortir deson refuge que la nuit. Or, le monde de la nuit dans les grandes villes américaines estavant tout celui de la pègre. Marie fréquente donc la mafia locale et en fait même unede ses réserves d'alimentation. Mais, un soir, elle s'en prend à Sal, le gros bonnet duquartier ; elle est interrompue alors qu'elle est en train de le vider de son sang et elledoit fuir précipitamment. Le gangster survit et découvre progressivement ses nouvellesfacultés de vampire, ainsi que les servitudes découlant de ce statut. Conscient de sesgrands pouvoirs, Sal comprend qu'il peut s'en servir pour écraser les autres gangs etdevenir un parrain extrêmement redouté. Plus rien ne va l'empêcher d'assouvir sonappétit de pouvoir. Marie va alors devenir à la fois vampire et chasseur de vampires, encherchant à réparer sa maladresse, c'est-à-dire en détruisant Sal. Mais celui-ci adéjà commencé à changer ces complices en vampires... Saluons l'interprétation deRobert Loggia, excellent en parrain psychopathe, qui annonce déjà sa compositionmémorable de Mister Eddy dans Lost highway.


Pour proposer une nouvelle approche du film de vampires, Landis va, comme pour Leloup-garou de Londres, s'appuyer sur une solide connaissance des oeuvres de ce styleet sur un grand respect de ses composantes essentielles. Comme dans les grands classiquesdu cinéma de vampires, c'est donc le sexe et le sang qui mènent le bal. Certes,l'intrigue est transcrite dans un univers contemporain qui a peu à voir avec les universgothiques des films Universal (Dracula (1931) de Tod Browning...) ou Hammer, maisil donne à sa cité les tons noirs, rouges et ors qu'avait employé avec génie lechef-opérateur Jack Asher dans Le cauchemar de Dracula. De plus, Landismultiplie, comme il en a l'habitude, les citations de classiques, à travers des extraitsentrevus sur des téléviseurs par exemple (Dracula de Browning, le final de Lecauchemar de Dracula...), comme le fait aussi assez souvent Joe Dante (Gremlins(1984)...). Si il y a des éléments de comédie dans Innocent blood, ils ne sefont jamais véritablement aux dépends du mythe des vampires. Ainsi, Marie, le personnagequi incarne le plus une idée noble et authentique du vampire, n'est jamais tournée endérision.


Néanmoins, Innocent blood souffre de certaines faiblesses. En cherchant àmêler la parodie de films de gangsters (que Landis avait déjà pratiqué dans L'embrouilleest dans le sac) et l'épouvante, il a parfois du mal à à trouver un bonéquilibre. Le film semble mettre beaucoup de temps à démarrer (Sal ne devient vraimentun vampire efficace qu'à la fin du film) et les univers de Marie et de la mafia nesemblent s'affronter que très tardivement. Le tout paraît d'un intérêt inégal etlaisse un arrière-goût de frustration. On regrette encore que la réalisation de JohnLandis soit un peu trop impersonnelle et manque souvent d'un véritable style (encore unautre point commun qu'il partage avec Joe Dante).


Innocent blood est néanmoins un film riche, ambitieux et bénéficiant d'uneexcellente interprétation. On regrette seulement un certain manque d'unité dans sonrécit. Toutefois, il allait connaître un accueil public très mitigé. Landis allaitensuite d'orienter vers des projets non fantastiques : Le flic de Beverley Hills 3(1994), Blues Brothers 2000 (1998) (la suite de son mythique Blues brothers(1978))... mais sans vraiment retrouver les faveurs du public. De même, Anne Parillaudrenonça à continuer à travailler aux États-unis, et n'allait pratiquement plustravailler que sur des projets tournés en Europe.



Bibliographie consultée :

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