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Will Graham, un limier du FBI spécialisé dans la chasse au serial-killer, parvient à capturer le dangereux cannibale Hannibal Lecter. Il doit ensuite traquer "Dragon rouge", un autre serial killer, qui a déjà massacré deux familles...



Dragon rouge est l'adaptation du roman éponyme écrit par Thomas Harris audébut des années 1980, dans lequel apparaît pour la première fois la figure du serialkiller cannibale Hannibal Lecter. Cet ouvrage a été repéré très tôt par leproducteur Dino De Laurentis et le réalisateur Michael Mann (La forteresse noire(1983)...) : ils s'associent pour en faire une première adaptation, Le sixième sens (1986)de Mann, qui est un bide commercial, mais qui, avec les années est devenu un desthrillers les plus admirés des années 1980. Plus tard, sort une adaptation de la suitede ce roman, à nouveau écrit par Thomas Harris : Le silence des agneaux (1989)avec Anthony Hopkins dans le rôle du psychopathe Hannibal Lecter. Ce film connaît unénorme succès et Lecter devient un des "méchants" les plus célèbres ducinéma d'épouvante. Thomas Harris lui consacre alors un troisième roman, porté àl'écran par Ridley Scott (Alien (1979)...) avec Hannibal (2001), ànouveau interprété par Anthony Hopkins. C'est un triomphe public. Dès lors, Dino DeLaurentis envisage de faire une nouvelle adaptation de Dragon rouge, puisque Lesixième sens était passé relativement inaperçu. Le but de la manœuvre estd'inscrire ce film dans le cycle constitué par Le silence des agneaux et Hannibal,c'est à dire de profiter de l'attrait du public pour Anthony Hopkins en faisant ànouveau jouer par cet acteur le très populaire personnage d'Hannibal Lecter. En effet,dans Le sixième sens, ce rôle était tenu par un autre acteur : Brian Cox. Lescénariste Ted Tally, la décoratrice Kristi Zea, l'acteur Anthony Heald... qui ont toustravaillé pour Le silence des agneaux, reprennent leurs postes. C'est toutefoisle chef-opérateur Dante Spinotti (qui a travaillé sur Le sixième sens) qui secharge d'éclairer Dragon rouge. A la surprise générale, le réalisateur choisipour ce projet est Brett Ratner, surtout spécialisé dans des comédies plutôtfamiliales (Argent comptant (1997), Rush hour (1998), Rush hour 2(2001)...). Il bénéficie toutefois d'un casting extrêmement impressionnant : outreAnthony Hopkins, on trouve Harvey Keitel (Mean streets (1973) de Martin Scorsese,Bad lieutenant (1992) d'Abel Ferrara...), Ralph Fiennes (La liste deSchindler (1993) de Steven Spielberg, Le patient anglais (1996)...), EmilyWatson (Breaking the waves (1996) de Lars Von Trier...), Edward Norton (Fightclub (1999)...)... !
Will Graham, agent du FBI spécialisé dans la traque des serial killer, parvient àcapturer Hannibal Lecter, un tueur dément qui se livre à des actes de cannibalisme. MaisGraham sort de cette arrestation grièvement blessé. Après une longue convalescence, ildécide de se retirer de la police. Pourtant, son supérieur le contacte à nouveaulorsque deux familles sont massacrées par un maniaque. Will Graham accepte de reprendredu service, et de mettre au service du FBI son don très particulier : il parvient àcomprendre de manière très fine la façon dont pensent les serial killer, comme si ilétait doué d'une espèce de "sixième sens" en la matière. Pour commencer àréfléchir, il va questionner son ennemi de toujours, Hannibal Lecter, dans la prison detrès haute-sécurité où ce dernier est enfermé... On note que Dragon rouge ala particularité de s'ouvrir sur une séquence qui n'apparaît pas dans Le sixièmesens : l'arrestation assez éprouvante d'Hannibal Lecter.


Toutefois, ce n'est pas, bien entendu, la seule différence entre les deux films. Ainsi,on se rappelle que Le sixième sens avait la particularité de se partager endeux parties assez distinctes : la première heure se consacrait avant tout à lapersonnalité et aux méthodes de Graham, et la seconde se portait surtout sur une étudeassez humaine du tueur. Dragon rouge opte pour une structure bien plustraditionnelle. Les récits liés aux deux personnages se déploient parallèlement toutau long du métrage : ainsi, dans Dragon rouge, la rencontre de Dolarhyde avecl'aveugle a lieu bien plus tôt que dans Le sixième sens. De même, lesapparitions de Lecter, rares et concentrées au début du film dans Le sixième sens,ont été multipliées et "saupoudrés" à travers tout Dragon rouge.Cela donne un peu l'impression qu'on a tenté de miser à fond sur la popularité deLecter / Hopkins, en rendant, un peu artificiellement, ses apparitions plus fréquentes,parfois même au détriment de l'enquête principale et de l'homogénéité du métrage.On est aussi un peu déçu par certains acteurs, qui semblent sous-exploités (HarveyKeitel par exemple) ou bien à côté de la plaque (Edward Norton).


Le personnage du tueur Dolarhydeest  assez différent de celui qu'on rencontrait dansLe sixième sens. D'abord, ses motivations et son traumatisme enfantin, nous sontrévélés bien plus précisément... ce qui est, à la limite, un peu regrettable au vude leurs banalités décevantes. Surtout, il est ici présenté comme un personnagesouffrant de dédoublement de la personnalité, luttant contre sa personnalitémonstrueuse, le Dragon Rouge, qui lui a été inspirée par une peinture du poète WilliamBlake. Dès lors le thème de la fascination malsaine pour une oeuvre d'art surpuissante(on pense à L'oiseau au plumage de cristal (1970) de Dario Argento) est mis enavant, alors qu'elle ne semblait qu'un détail superflu dans le film de Mann.Contrairement à ce dernier, Dragon rouge nous montre Dolarhyde en train decommettre des actes criminels APRÈS sa rencontre amoureuse avec la jeune aveugle Reba :dès lors, ses actes soulignent un combat contre lui-même, alors que, dans Lesixième sens, on peut croire que sa relation avec Reba l'a guéri de ses dangereusespulsions. En tout état de cause, les relations entre Reba et Dolarhyde sont, de loin, lapartie la plus réussie de Dragon rouge, puisque les passages dédiés à Grahamet Lecter sont bien moins convaincants. Soulignons, à ce titre, la performanceextraordinaire de Ralph Fiennes dans le rôle, pourtant difficile, de Dolarhyde. En fait Dragonrouge semble ne prendre vie que lorsqu'il apparaît à l'écran.


En effet, le film de Brett Ratner souffre d'une réalisation extrêmement neutre, voiremême terriblement télévisuelle. Les dialogues en champ / contre-champ s'accumulent defaçon particulièrement soporifique au cours de la première moitié du film, et,rapidement, on peut sentir poindre un certain ennui. On remarque en tout cas une volontéde se rapprocher très nettement de Le silence des agneaux, que ce soit dans laconstruction du récit (les rapports qu'entretient Hannibal avec Graham rappellentbeaucoup ceux qu'il avait avec Clarice), dans le choix des décors (qui évoquent unmélange de réalisme et de gothisme un peu sinistre (la maison de Dolarhyde par exemple))ou dans la photographie, qui invoque souvent des tons brun et or. De même, les décors dela prison d'Hannibal ressemblent exactement à ceux de Le silence des agneaux, etn'ont plus rien à voir avec la cellule très clinique de Le sixième sens.Pourtant, Le sixième sens n'est pas totalement oublié, puisque les séquencesen Floride sont assez proches de celles tournées par Mann, et on retrouve même despassages extrêmement semblables, notamment dans certains échanges dialogués entreGraham et Lecter.


Par sa description assez intéressante des rapports entre Reba et Dolarhyde, Dragonrouge sait se montrer assez captivant et surprenant. Hélas, le film souffre aussid'embarrassantes longueurs, encore soulignées par une réalisation d'une rare platitude.Ce film laisse donc sur une impression assez mitigée, aggravée par un épilogue"surprise" dont on aurait très bien pu se passer. Aux USA, après un bondémarrage, Dragon rouge s'est révélé commercialement à peine correct pour unprojet de cet ampleur, ne renouvelant pas les recettes mirobolantes de Hannibal.



Bibliographie consultée :

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