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Au XIXème siècle, en espagne, une jeune fille muette meurt en donnant naissance à un enfant, Leon, après avoir été violée par un dégénéré. Rapidement, les parents adoptifs comprennent que l'enfant a une maladie étrange...



La firme britannique Hammer est devenue célèbre en remettant au goût du jour des grandes figures classiques du cinéma d'épouvante, apparues pour la plupart dans les années 1930-1940 aux Etats-Unis, notamment chez Universal (Dracula (1931) Frankenstein (1931)...). Frankenstein s'est échappé (1957) fût son premier grand succès. Elle embraya alors tout de suite sur Le cauchemar de Dracula (1958) et La malédiction des pharaons (1959) (qui traite des momies). Ces films sont réalisés par Terence Fisher. En 1961, la Hammer décide de s'intéresser au loup-garou, monstre popularisé au cinéma par Le loup-garou (1941) de Georges Waggner, avec Lon Chaney Jr. Ici, le scénario est censé être inspiré par le fameux roman Le loup-garou de Paris de Guy Endore : pourtant, l'action a été délocalisée en Espagne à la fin du XVIIIème siècle, contre la volonté de Terence Fisher. La raison en est simple : les studios Hammer avaient mis en place des décors en vue de faire un film sur l'inquisition espagnol. Ce dernier ne vit jamais le jour, et ce plateau superbe fût imposé au réalisateur de La nuit du loup-garou. Le rôle principal y est tenu par Oliver Reed (Les diables (1971), Gladiator (2000)...), alors débutant.
Pour bien comprendre ce film, il faut se baser sur son titre anglais The curse of the werewolf / La malédiction du loup-garou. En effet, c'est bien le thème de la malédiction qui est traité ici par Fisher. Le générique est superbe : les yeux de bête du loup-garou roulent avec colère et se mettent à pleurer abondamment. Déjà, la dualité tragique entre l'esprit bestial et l'âme humaine (les larmes) forcés à cohabiter dans un même corps apparaît en quelques images. Ensuite, on assiste à la naissance du bébé. Son père adoptif se rend compte que cet enfant est lycanthrope. Un prêtre lui explique que si on l'aime suffisamment, la malédiction sera vaincue. Et en effet, à force de patience, d'attention et de tendresse, le père adoptif et sa servante généreuse accompagnent l'enfant jusqu'à l'âge d'homme. Sa lycanthropie ne se manifeste plus. Mais Leon doit travailler. Amoureux de la fille de son employeur, il se heurte à celui-ci qui refuse qu'elle épouse un simple ouvrier. Malheureux, Leon redevient un loup-garou une nuit de pleine lune, et tue contre sa volonté humaine. Dégoûté par les actes bestiaux qu'il commet alors, il comprend que seule la mort peut le libérer de cette malédiction profondément injuste.

La nuit du loup-garou contient aussi une part de critique sociale. En effet, il s'ouvre sur l'arrivée d'un mendiant dans le château d'un seigneur cruel. Il vient demander l'aumône. Mais, le noble se moque de lui, l'enivre, propose d'acheter le pauvre pour quelques pièces de monnaie, le ridiculise, et enfin le jette dans une geôle immonde où il l'oublie pendant plus de vingt ans. Après ce traitement ignoble, le mendiant est littéralement devenu une bête. C'est encore ce "noble" qui jettera sa jeune servante muette dans la cage de ce pauvre dégénéré, sous prétexte qu'elle refuse les avances de son maître. Le mendiant, qui a perdu la tête depuis des années, la viole. De cette union horrible naît le petit lycanthrope. Le mal est donc ici le fruit de la brutalité et de l'inhumanité de ce "gentilhomme" répugnant. Fisher stigmatise ainsi les puissants cruels et indifférents à la souffrance humaine, qui sont responsables d'une grande part des malheurs de l'humanité.

On remarque qu'Oliver Reed interprète fiévreusement et remarquablement le calvaire de Leon. Les scènes d'horreur sont assez peu nombreuses. Les rares jets de sang qu'on aperçoit dans le film paraissent bien triviaux de nos jours. Pourtant, c'était une horreur très graphique pour l'époque, et on reprochait aux films de la Hammer d'être trop violents. Ce qui frappe le plus aujourd'hui, c'est le sérieux avec lequel ce sujet fantastique est traité. Ainsi, le scénario est intelligent, la narration est rigoureuse et la réalisation est subtile. Il y a de nombreux moments magnifiques : lorsque le père adoptif de Leon découvre la lycanthropie de l'enfant, la fuite du loup-garou sur les toits de la ville...

La nuit du loup-garou est avant un régal pour les amoureux du fantastique, qui seront comblés par ce film d'horreur intelligent et adulte. On ne peut qu'être touché par la tragédie de Leon qui démontre que sans amour, la vie d'un homme n'a guère plus de valeur que celle d'une bête.
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