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Après qu'il ait eu la vision d'un accident d'avion, le jeune Alex Browning et cinq de ses amis ne prennent pas le vol qui aurait du les emmener en France. L'avion décolle donc sans eux et explose en vol : il n'y a aucun survivant. Quelques jours après, les six miraculés commencent à être victimes d'accidents mystérieux...



Destination finale est une production surfant sur la vague des slashers pour public adolescent qui a balayé les USA au cours de la seconde moitié des années 90, à partir du triomphe de Scream (1996) de Wes Craven. Il s'agit de la première réalisation de James Wong pour le cinéma. Né à Honk Kong et ayant été élevé aux Etats-Unis, il a d'abord fait ses armes comme scénariste, notamment sur la fameuse série TV Aux frontières du réel, dont il réalise un épisode. Puis, il participe à la conception de la série Millenium, toujours pour la télévision, avant de réaliser Destination finale. On y reconnaît de jeunes comédiens habitués à ce style de production : Devon Sawa (La main qui tue (1999) de Rodman Flender...), Ali Larter (La maison de l'horreur (1999) de William Malone...), Kerr Smith (Les vampires du désert (2001) de J.S. Cardone...)... On note encore la présence inquiétante de Tony Todd (le fameux Candyman (1992) de Bernard Rose...) dans le rôle d'un croque-mort très au fait des secrets de l'au-delà.

Dans ce film, les six personnages principaux ayant échappé à une mort certaine grâce à une prémonition surnaturelle, la Mort va tenter de les rattraper en leur faisant subir de nombreux accidents. Les objets du quotidien et le hasard vont donc devenir des armes redoutables au service du destin. Astucieusement, Wong ne représente pas la Mort sous la forme d'un personnage, ce qui permet à Destination finale d'être un slasher sans tueur. Si la Mort n'est pas incarnée, elle trouve néanmoins son messager en un inquiétant croque-mort qui va révéler aux survivants du "vol 810" (titre originellement prévu pour ce film) les règles du jeu. Chaque être vivant a un destin écrit, voué à s'accomplir, et les tentatives pathétiques des humains pour repousser l'arrivée de leur dernière heure sont vouées à l'échec. Wong et son scénariste Glen Morgan proposent donc une oeuvre éminemment fataliste, pessimiste et assez paranoïaque. A lka manière de Halloween (1978) de John Carpenter, dans lequel la silhouette anonyme de Michael Myers était déjà l'incarnation d'une faucheuse implacable, Destination finale confronte les personnages à leur inéluctable destin : la Mort. Comme le chevalier de Le septième sceau (1957), Alex Browning va tenter de repousser autant que possible l'ultime échéance.

Le sujet très original de ce film fantastique aurait pu donner lieu à un développement passionnant sur l'angoisse métaphysique et le vertige de la mort, et certaines séquences sont d'ailleurs de belles réussites. Les scènes de l'aéroport et le spectaculaire rêve prémonitoire sont très bien amenés et remarquablement efficaces. On note que d'autres morts "accidentelles" sont assez solidement réalisées : de petits évènements apparemment inoffensifs (des objets tombent, de la vodka se renverse près d'une flamme...) se succèdent, jusqu'à former un piège fatal qui se referme impitoyablement sur sa victime (l'enseignante dans sa cuisine, la tempête finale...). On note encore la présence de références à l'histoire du cinéma fantastique. Ainsi, les personnages portent, pour la plupart, des noms évoquant des célébrités du genre : Browning (comme le réalisateur Tod Browning (Dracula (1931)...)), Lewton (comme le producteur Val Lewton (La féline (1942) de Tourneur...)), Schreck (comme l'acteur Max Schreck (Nosferatu (1922) de Murnau...)), Waggner (comme le réalisateur George Waggner (Le loup-garou (1941)...)). Ces références sont discrètes et ne viennent pas parasiter lourdement le déroulement du récit. Elles ne sont pas non plus gratuites, puisqu'elles s'inscrivent dans un réseau de signes macabres qui se déploie autour d'Alex Browning, de manière à indiquer l'aspect sombre et inévitable de son destin.

Hélas, bien qu'étant un slasher sans tueur, Destination finale reste un slasher. Des adolescents dénués d'épaisseur semblent n'être présents que pour subir des morts violentes, sans que le spectateur ne s'en émeuve vraiment (la décapitation...). De même, certains personnages sont construits à partir d'une psychologie adolescente parfois bien légère (Claire...). On regrette aussi un évident manque de suspens, ce qui est plutôt dommage au vu du sujet si prometteur, ainsi qu'une réalisation parfois bien plate et télévisuelle. Enfin, la direction d'acteurs semble un des gros points faibles de Destination finale : les jeunes comédiens sont parfois très inconsistants (Sean William Scott (American pie (1999)...) est littéralement transparent), et souvent livrés à eux-mêmes (les disputes entre Alex et Carter évoquent un déprimant concours d'imitateurs de Robert de Niro...). Enfin, la conclusion du métrage, complètement abracadabrante et tirée par les cheveux, propose un épilogue ridicule se déroulant dans un Paris très hollywoodien. Cette séquence finale, complètement idiote, a été imposée au réalisateur par la production qui trouvait la fin originale trop pessimiste et pas assez spectaculaire (normalement, Alex mourrait en sauvant Claire, puis Claire accouchait peu après du fils d'Alex).

Donc, Destination finale finit par décevoir, faute d'un suspens suffisamment solide, et à cause d'un interprétation et d'une réalisation peu convaincantes. Néanmoins, certaines séquences plutôt réussies et le sujet original de ce film peuvent mériter qu'on s'y intéresse.

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mouais
■ Pierre62 15/07/2003
j'ai vu ce film ce week end. Il est pas trop mal mais c'est vrai ça reste trop dans la lignée de Scream, dommage. Quand à la fin originelle dont tu parles je l'ai regardé sur les bonus du DVD, je la trouve crétine. L'action semblant se dérouler sur quelques jours, et les personnages n'étant pas plus proches que ça les uns des autres, je vois pas quand Alex aurait pu engrosser Claire. Enfin, l'immaculée conception peut-être...
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