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Le rôdeur de Fourcherolles, Partie 1.3 : l'hôpital

Alister, d’une main mal assurée, tira une cigarette de son paquet et l’alluma à la flamme tremblante de son briquet. Adam trépignait. Tentant de masquer la peine et la colère que lui inspirait la souffrance de son ami, il se saisit de la boite qu’Alexandra tenait encore d’un air absent. « Bon, qu’on ouvre cette satanée boite et qu’on en finisse ! » Leila posa prestement la main sur le couvercle et, les yeux rivés sur le regard glacial du Russe, refusa fermement. « Tu n’as aucune idée de ce qu’il peut y avoir dans cette boite. On ne peut pas l’ouvrir ici, il nous faut un endroit plus tranquille, et plus discret. » Le ton de la grande et gracile Arménienne, quoique calme, ne souffrait aucune réponse mais Adam refusait de céder face à qui que ce soit. Bien qu’il ne soit pas imposant physiquement, plutôt petit et sec, le mélange de détermination froide et de passion ardente qui animait cet anarchiste avait plus d’une fois fait reculer des hommes bien plus massifs que lui.

Alexandra se glissa entre eux : « Eh bien vous n’avez qu’à venir chez moi, mon appartement est sur le boulevard Saint Germain ! On y sera tranquilles et, avec ma voiture, cela ne nous prendra que quelques minutes pour y aller. »
Loulou, qui s’était adossée au mur, fit un pas en avant, déclarant simplement « moi ça m’va. » Les regards se tournèrent vers Alister qui écrasa sa cigarette dans un pot de fleur avant de hocher la tête, affirmatif. Leila se tourna vers Alexandra : « Si c’est vraiment sûr chez toi, je n’y vois pas d’inconvénient. » Adam haussa les épaules. « Tant qu’on peut y être rapidement … »
Et le petit groupe qui devait collaborer sans même se connaitre entama ainsi une enquête qu’aucun d’entre eux ne devait jamais oublier.

La voiture qu’ils découvrirent devant l’Hôtel Dieu leur coupa le souffle. La simplicité des manières de la jeune femme leur avait fait oublier ce qu’avait dit Isidore : elle était à la tête d’une véritable fortune. C’est donc avec admiration qu’ils montèrent dans la magnifique Hispano de grand tourisme dont la carrosserie jaune étincelait au soleil de quatorze heures. Enfilant de minces gants de cuir blanc, Alexandra fit vrombir les trente-deux chevaux que cachait le capot de son automobile et demanda avec un large sourire :
« On y va ? »

Sans attendre de réponse, l’Hispano bondit sur le pavé parisien et s’élança en direction de la Rive Gauche dans une volée de moineaux.

Le rôdeur de Fourcherolles, Partie 1.2 : l'hôpital

«Tout a commencé il y a bien longtemps, quand je n’étais qu’un jeune étudiant de la Sorbonne. Avec quelques amis, nous trompions l’envi des longues soirées d’internat par l’étude de l’occultisme et, petit à petit, nous nous prîmes de passion pour ces sombres secrets. Bien sûr cela n’allait pas beaucoup plus loin que s’amuser à exhumer d’antiques grimoires de la bibliothèque universitaire ou nous effrayer gentiment lors de soirées où nous faisions tourner les tables mais Hubert, Hubert Delafard, poussait ses recherches avec un sérieux véritable. Il était un peu plus âgé que nous, plus … décadent aussi, selon le mot de l’époque, et c’était à lui que revenait le plus souvent de mener les recherches de notre petit groupe. Nous étions fous de joie lorsqu’il nous parla de la vieille ferme de Fourcherolles, non loin de Dampierre, un petit village à quelques kilomètres à l’Ouest de Paris. Le propriétaire venait de mourir et ses héritiers, des citadins qui n’avaient aucune envie de retourner à la vie campagnarde, laissaient cette vieille bicoque à qui la voulait pour trois fois rien. En nous cotisant tous les cinq, nous pûmes acheter la ferme et disposions dès lors d’un endroit à nous, loin des regards indiscrets, pour mener nos recherches parapsychologiques. Bien sûr ce n’est pas pour autant que ces dernières étaient plus fructueuses, elles ne débouchaient la plupart du temps que sur d’agréables soirées entre amis… Malheureusement, ce ne fut pas le cas de notre dernière expérience. Je ne saurai vous expliquer comment c’est arrivé mais, ce soir-là, dans la ferme de Fourcherolles, nous avons libéré une chose … une chose infernale. Dans notre peur, et notre inconscience, nous n’avons pas tenté de chasser ce démon hors de notre monde … Nous avons fui. Delafard, bien que tout aussi terrifié que nous, nous assura que la magie que nous avions utilisé contiendrait le monstre et nous ne rêvions que d’enterrer ce souvenir. Depuis, aucun de nous n’a eu la force de rassembler le groupe pour mettre un terme à ce que nous avions commencé. Pris que nous étions dans la tranquillité de nos vies, nous avons repoussé l’échéance. Aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous le permettre. Les sortilèges qui emprisonnent la créature s’éteindront avec le dernier des participants du rituel … et il ne reste plus que moi. Je n’ose imaginer ce qui se passera si cette chose est lâchée dans la nature. »

Une violente quinte de toux secoua le vieil homme à bout de force, constellant ses draps de gouttelettes de sang. D’un doigt tremblant il désigna une boite de fer blanc sur la table de nuit.

« Prenez cette boite, murmura-t-il, c’est tout ce que je peux faire pour vous … Par pitié, faites ce que je n’ai pas pu faire ! Renvoyez cette horreur d’où elle vient, je vous en prie … »

Ses paroles se perdirent en gargouillis sanglants et, alors qu’Alexandra prenait avec précaution la boite, le vieil Isidore fut déchiré de spasmes et de toux d’une force inouïe. Alertée par le bruit, une infirmière se précipita dans la chambre, se penchant sur le lit du vieillard alors que celui-ci sombrait dans l’inconscience.

Un fracas fit se retourner les cinq visiteurs. Dans l’embrasure de la porte, la femme d’Isidore venait d’échapper son verre d’eau, tétanisée par la vue de son mari maculé du sang qu’il avait éructé. Un médecin qui s’engouffrait dans la pièce déclara vivement aux amis du malade :

« Sortez s’il vous plait, nous allons faire tout notre possible mais vous ne pouvez pas rester. »

La porte se referma derrière les cinq individus qui se retrouvaient rassemblés dans un couloir d’hôpital, devant cette chambre d’où provenaient les sons assourdis d’une agitation frénétique, silencieux et abasourdis par la scène à laquelle ils venaient d’assister.
Le rôdeur de Fourcherolles, Partie 1.1 : l'hôpital

Coup d'essai pour le blog poulpique : je post le début d'un petit texte que j'avais fait pour mes joueurs suite à une partie sur le scenario "à la lisière des ténèbres" transposé en France :



Paris 1919. L’Hôtel Dieu, le plus vieil hôpital de la capitale, somnole doucement à l’ombre de Notre Dame. Dans les couloirs blancs du troisième étage où serpentent des odeurs de médicaments et de javel, une jeune infirmière mène de son petit pas pressé un groupe de cinq inconnus. S’arrêtant devant une porte qu’elle entrebâille après avoir frappé deux coups prudents, elle fait signe au groupe d’entrer. « Je vous en prie. Il vous attend, mais il est très faible. »

Alors qu’ils passent doucement la porte, le visage d’Isidore Belmont, vieux gentilhomme alité dans ce mouroir, s’illumine d’une joie d’enfant.

« Mes amis, mes très chers amis, quel plaisir de vous voir ! J’avais une telle peur que vous ne puissiez … »

Tous font cercle autour du lit que le vieillard ne quittera probablement pas, le bordant de leurs regards pleins d’une triste tendresse. Ils ne disent rien, ils en sont incapables, chacun sentant durement l’émotion lui nouer la gorge.

« Allons, allons ! rit le vieil homme en se redressant avec un effort mal dissimulé, Ne faîtes donc pas cette tête ! Vous ne voudriez pas gâter nos retrouvailles n’est-ce pas ? Laissez-moi plutôt vous présenter ma femme Agnès et mon fils Bertrand … »

Assis près de la fenêtre, Agnès, brisée, arrive à peine à lever les yeux vers les cinq inconnus, tandis que le jeune homme, adossé au mur, fait un bref signe de tête, les considérant d’un air méprisant.

« Agnès, Bertrand, voici quelques unes des plus précieuses amitiés que j’ai eu la chance de tisser au fil de ma vie. Voici Leila Sosostris, une collègue brillante avec qui j’ai souvent collaboré dans le cadre de mes recherches en parapsychologie, Adam Rebis que j’ai connu comme étudiant. Il aurait sans doute fait un universitaire remarquable si ses … opinions politiques ne l’avaient poussé sur d’autres chemins … Alexandra Von Ravensburg, charmante Alexandra ! Là où la plupart se seraient contentés de jouir mollement de la fortune qui est la tienne, tu as toujours parcouru le monde avec une curiosité insatiable, sans cesser d’être émerveillée par ce que tu découvres. Alister Creek … inutile de s’appesantir sur vos activités … peu importe ! Vous êtes un homme sur qui on peut compter, chose assez rare pour dire votre valeur. Sans vous, sans ce que vous avez fait pour me tirer de certains … mauvais pas, je crois pouvoir dire que je ne serais pas là, avec vous, aujourd’hui. Enfin l’éclatante Loulou ! Je me souviens encore de la première fois où je l’ai entendu chanter dans ce cabaret de Montmartre. J’avais été ébloui par l’artiste à cette époque ; j’ai eu depuis l’occasion de découvrir la jeune fille au grand coeur que cachent les paillettes. »

Le vieux Belmont dû faire une pause, visiblement épuisé et toussant faiblement. Cependant il s’obstina à poursuivre, le visage rayonnant.

« Quelle chance j’ai d’avoir eu une vie riche d’amitiés si variées ! Peu de personnes ont le réconfort d’être si bien entouré dans leurs derniers instants … »

A ces mots, Madame Belmont ne put réprimer un sanglot qui lui tordit la poitrine. Son époux posa sur elle un regard bouleversé.

« Agnès, calme-toi je t’en prie … Bertrand, s’il te plait, emmène ta mère boire un verre d’eau. J’ai quelques mots à dire à mes amis. »

Le jeune homme s’exécuta mollement, visiblement à contrecœur, et, avant de refermer la porte de la chambre, jeta un dernier coup d’oeil suspicieux aux cinq intrus. Aussitôt la porte fermée, le visage d’Isidore Belmont se voila d’une tristesse glacée.

« Mes amis, vous ne vous connaissez pas mais vous êtes ceux en qui j’ai la plus entière confiance et, pour mon malheur, je dois vous demander quelque chose que je ne voudrais pas imposer à mon pire ennemi. Je n’ai pas le choix, croyez-le bien ! J’espère simplement que vous aurez le coeur de me pardonner … Leila, nous avons tous deux travaillé de conserve sur de nombreux points de parapsychologie. Ensemble, nous avons exploré des domaines occultes qui en auraient effrayé plus d’un. Il y a pourtant certaines choses que je vous ai cachées, des choses dont je voulais vous préserver … Aujourd’hui je dois me résoudre à vous exposer à ces secrets qui ne devraient être connu de personne. Si Par lâcheté je vous gardais dans une heureuse ignorance, j’ai bien peur que d’innombrables personne le paieraient de leur vie.»


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