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"Demain, puis demain, puis demain...
Un commentaire (dernier de La Flamberge) [1955]
... glisse à petit pas de jour en jour jusqu'à la dernière syllabe du registre des temps"
Macbeth


 Dité 11 (abenn ar fin!) par La Flamberge
    Samedi 22 Novembre 2014 à 16h16 [ édité Samedi 22 Novembre 2014 ]
D'abord des tremblements de terre, tsunamis, typhons, éruptions, tous les éléments déchaînés, terre, air, feu, eau transformant la lumière en ténèbres et la vie en mort. Des plaques entières se détachaient et s'abîmaient dans les eaux tandis que de nouveaux continents jaillissaient des profondeurs, chargés de la puanteur et des relents de l'abysse. Alors que tout autour du monde, les gens se relevaient piteusement des ruines de leurs villes brisées, le voile qui obscurcissaient la vue de l'homme se déchira. Les démons existaient. Ils n'étaient pas que des instruments de contrôle imaginés par les religions disparues. Leurs égrégores – malgré leurs fautes et les crimes que les hommes avaient pu commettre en leurs noms – les tenaient à distance. L'homme – enhardi par la propagande NWO qui avait su briser à dessein ces « superstitions » d'un autre âge qui le bridaient -, comme Prométhée s'était déclaré son propre dieu. Alors les monstres n'eurent plus qu'a tomber le masque.
Bien souvent les gens que l'on côtoyait depuis des années n'étaient pas ce qu'ils semblaient être. Votre voisin si sympathique, votre banquier, votre patron, votre conjoint ou vos enfants, révélaient leur vraie nature, souriant, dévoilant de belle rangée de dent acérées comme des aiguilles, pour ensuite vous sauter à la gorge. Ghuls, shayatin, rakshasa, yokai, shilmulo, strigoi, katshinas, yomi, bleigarv... les démons existaient.

La terre était devenue la Géhenne sans porte ni fenêtre.


  Dité 10 par La Flamberge
    Jeudi 04 Septembre 2014 à 11h07 [ édité Vendredi 05 Septembre 2014 ]
Mais il n'était pas dit que tous les humains soient sous l'emprise du Malin. Partout à travers le monde, des hommes et des femmes se dressèrent contre les Grands Anciens et leurs séides, au péril de leur vie et de leur équilibre psychique. Mais la plupart n'était pas dupe de l'absence d'espoir d'une telle lutte.
Cependant, dès le début de l'ère de la chute, les plus lucides d'entre eux avait déjà prévu la nécessité de l'exode. Année après année, ils construisirent une puissante nef interstellaire, une arche, dans le plus grand secret. Dans les banques de données, ils placèrent le souvenir de ce que la civilisation humaine avait pu réaliser de plus noble et la beauté evanouie de leur terre natale. L'ADN des plantes et des animaux y fut soigneusement stocké. Le voyage jusqu'à une terre habitable prendrait au bas mot des milliers d'années et les passagers devraient être cryogénisés.
Il leur faudrait un timonier perpétuellement en éveil pour les garder du danger et l'on créa une Intelligence Artificielle dans cet optique. Après quelques échecs retentissants - des modèles trop instables ou bizarres -, un être doué de sensations jaillit des électrons. On le baptisa Virgile. Il était comme un petit enfant, mais il apprenait de façon exponentielle. On le maintint confiné dans les système du vaisseau pour ne pas qu'il se trouve corrompu par une influence exterieure, et c'était là une pomme de discorde entre une fractions des programmeurs et le "Professeur", le docteur Hveðrungr, un vieux fou à la richesse incommensurable, au visage ravagé, atrocement brûlé par une explosion au CERN. Il en savait plus que n'importe qui sur la nature de l'ennemi.
"Heureux sont les ignorants. Laissez votre chose dans l'ignorance" disait-il.
Le docteur ès science s'était construit une représentation holographique du Necronomicon. Cet ouvrage était la quintessence du grimoire maléfique, vaste tome d'horreurs collectés dans les sombres ruelles de la Damas des premiers temps de l'hégire, et dans les déserts brûlants d'Arabie.
Quand Hveðrungr tomba sous les armes psychiques du NWO satanique, les autres héritèrent de ce fardeau et après quelques tergiversations, ils l'intégrèrent à Virgile. Cela ne sembla pas l'affecter.
Dans un premier temps.

C'est alors que les derniers jours arrivèrent.


 Dité 9 par La Flamberge
    Vendredi 28 Février 2014 à 01h56
... ou fusionnèrent avec les dogmes naissants, ne subsistant que d'un point de vue purement formel. Ces cultes, pour beaucoup l'héritage de la pensée d'Aleister "To Mega Therion" Crowley, encourageaient les instincts les plus bestiaux chez l'homme. Le mage maléfique avait perverti le "Fais Ce Que Voudras" de Rabelais en lui accolant "Sera Ta Seul Loi", devenant le credo de toute une civilisation, s'affichant éffrontement sur toutes leurs nouvelles idoles, leurs veaux d'or, sous le giron et les sabots fourchus de - comme l'appelait un ami - Lomig Kozh...
Bientôt le sang et les sécrétions corporelles se mirent à couler dans les temples. Les temps païens étaient revenus. La violence était hautement ritualisée et les paraphilies les plus dégradantes devinrent peu à peu la norme.

Il y avait des choses dans l'ombre qui attendaient cette heure avec une patiente infinie. Ils étaient exilés depuis des temps immémoriaux dans des endroits inaccéssibles, mais ils n'étaient ni sourds ni aveugles. Les astres entraient en conjonction, l'époque propice pour la moisson des âmes et des corps. Dans leur caveau profondement ensevelis. Les vociférations et les cris de "liberté" du cheptel leur procurait un plaisir sans borne et faisaient saliver leurs hideuses gueules écumantes.


 Dité 8 par La Flamberge
    Vendredi 24 Mai 2013 à 00h04 [ édité Samedi 12 Octobre 2013 ]
Puis, peu à peu, alors que les forêts n'existaient plus que dans quelques endroits difficiles d'accès, et que les océans montaient avec un long cortège de catastrophes, les phénomènes et les rapports étranges commencèrent à se multiplier. Sous les frondaisons qui projetaient une ombre anormalement dense, la végétation témoignaient d'une luxuriance tout aussi anormale. Les gens et les machines que l'on y envoyait ne revenaient pas et personne ne parlait des messages qu'ils avaient pu envoyer.
Sur la mer d'huile, la lame de fond traîtresse engloutissait le paquebot corps et bien en quelques minutes ; le croiseur de classe Hercule, fleuron du complexe militaro-industriel arrivait au port sans son équipage, et, comme la Mary Celeste, le café était encore chaud dans les tasses.
L'élite technocratique pratiquait sur l'humanité un eugénisme à peine voilé, hérité des nazis, à coup d'agents chimiques et biologiques, de clones décantés dans des cuves, dont certains segments du génome furent modifiés, dans une optique transhumaniste. Des caractères furent manipulés et en quelque années de nouveaux clades émergèrent, adaptés aux abysses, de l'océan et de l'espace.
Un long et lent travail médiatique en amont fut nécessaire pour amené le public à penser qu'être plus batracien, invertébré ou simiesque qu'humain était désirable, mais se fut fait.
Le matérialisme terre à terre était la valeur cardinale de cette société - hormis chez les peuples esclaves d'Afrique et d'Asie, mais eux de toutes façons n'avaient pas voix au chapitre -
et de nouveaux cultes en adéquation avec cette vision virent le jour. Les anciennes religions disparurent - aussi surement qu'une église est balayée par le souffle prométhéen d'une charge nucléaire -...


 libre par La Flamberge
    Samedi 06 Avril 2013 à 01h39
« les hommes sont conscients de leurs désirs et ignorants des causes qui les déterminent »
Spinoza


 Dité 8 par La Flamberge
    Samedi 06 Avril 2013 à 01h24 [ édité Samedi 12 Octobre 2013 ]
Au début, il n'y avait rien que les ténèbres, mais peu à peu, un carré d'image monta. On voyait deux hautes tours de verre se découpant sur un ciel limpide. Une voix s'éleva, la sienne. "L'ère de la chute a réellement commencé ce jour là", commenta son alter ego et un objet volant comme une flèche de mort transperça une des gratte-ciels dans un plumet de flammes et de débris. " la technologie n'avait fait que croître jusqu'à un niveau inégalé". Un kaléidoscope d'images stupéfiantes l'engloba. "Conquête spatiale, station lunaire, cybernétique, réalité virtuelle et augmentée omniprésente, ingénierie génétique. Avec cette contrepartie monstrueuse que les humains feignaient de ne pas voir : Le fascisme rampant et technocratique du Nouvel Ordre Mondial, la société secrète transnationale qui œuvrait depuis des siècles pour "voler le secret du feu de dieux" - leur connaissance de ce qui se cachait réellement derrière le bond en avant de l'humanité ne constitue plus un doute aujourd'hui -; étranges infections rétrovirales, sournoises, capables de déjouer les mesures prophylactiques, répandant la dévastation dans les populations du tiers monde; groupuscules extrémistes et conglomérat polico-financier, fomentant des guerres en quête d'un pouvoir qui dépassait les limites de leur entendement, débouchant sur des opérations de police secrètes Nacht Und Nebel, culminant dans le sang et la ruine de nations entières, leurs cités écroulées ravagées par la flamme, l'atome et d'autres agents tout aussi pernicieux; la spéculation boursière nourrissant de ses mamelles flétries la famine et l'émeute; les sectes et fanatiques se dressant de l'ombre pour divulguer leur enseignements subversifs, via le cinéma holographique, la littérature de l'imaginaire, les jeux vidéos en réalité virtuelle et les jeux de rôle en réalité augmentée, la musique, la mode. Tout était mis en œuvre pour favoriser les aspirations minables et boulevardières, à grand renfort de paillettes, pacotilles et plaqué, où l'on exaltait la médiocrité comme une idole porno constellée de chiure de mouches, Las Vegas la nouvelle Mecque.
Dans ce monde où le progrès avait pris une telle ampleur et tournure qu'il dépassait le discernement de la masse humaine - masse qui s'enflait d'un nouveau milliard à chaque décade, la réserve de viande -, dans ce monde devenu berserk, le plus pathétique c'était de voir la façon dont Gaïa devenait peu à peu un dépotoir stérile et sec, à l'air vicié par l'âcre senteur chimique d'une infinité de bagnoles, d'avions, d'usines, balayé du vent radioactif d'innombrables explosions nucléaires.
Sous la chaleur d'un millier de soleils mal confinés sous un pauvre sarcophage de béton fissuré.
Et l'astre énorme, jadis source de vie, était désormais Appolyon, réduisant à peau de chagrin glaciers et pôle un peu plus à chaque fois qu'une flèche de mort crevait un nuage, flétrissant chaque plante, chaque pousse dans les essarts de forêts dévastées pour offrir bois d’œuvre, chauffage, friandise cancérigène, grue en papier, magazine relativisant le collapsus écologique.


 Les bas fonds de Dité par La Flamberge
    Lundi 01 Avril 2013 à 02h41
Ap 18:2- Il s'écria d'une voix puissante : " Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la Grande ; elle s'est changée en demeure de démons, en repaire pour toutes sortes d'esprits impurs, en repaire pour toutes sortes d'oiseaux impurs et dégoûtants.


 Dité [7] par La Flamberge
    Lundi 01 Avril 2013 à 02h35
Trois horreurs blêmes s'élancèrent du rebord, se propulsant de leurs puissantes pattes de kangourou. L'un d'eux était pourvu d'ergots d'acier fichés dans sa colonne vertébrale, le second d'une calotte de bronze qui oblitérait sa vision et son audition, et le dernier - le plus retors d'aspect - de lames barbelées le long de ses avant bras simiesques. La faim hideuse plissait leur visage plat comme un avant goût du sort abominable qu'ils lui réservaient. Elle chercha un moyen de s'enfuir mais il n'y en avait pas. Sans point d'appui à portée elle restait désespérément immobile flottant mollement au milieu des débris. Celui a l'épine dorsale acérée tenta de lui attraper le pied. D'une brusque détente, elle l'écrasa dans la mâchoire de la chose pâle, et tous deux furent catapulter chacun dans la direction opposée. Mais les deux autres bêtes fauves arrivaient sur elle. Plaquée contre le mur d'acier, courbe et froid elle cherchait affolée, une échappatoire, lorsqu'une forme brillante attira son regard : son kepesh dérivait lentement de l'autre côté de la sphère. D'une impulsion elle s'élança dans les airs. Celui qu'elle avait frappé avait vu l'objet de sa manœuvre et il tenta de la devancer, mais elle l'emporta d'un fraction de seconde, et l'instant d'après la lame redoutable transperça la face de la créature. Secouée de spasmes, une fontaine de billes écarlates ruisselant dans la micro-gravité, Khadidja la pivota, et, prenant la lame à deux mains toujours fichée dans le crâne, les pieds sur les épaules, elle l'arracha d'un coup sec, s’éjectant vers une des ouvertures. Les deux autres se jetèrent sur le cadavres et commencèrent à le dépecer. Mais celui qui avait les barbelures sur les bras lui lança un tel regard qu'elle comprit qu'elle n'avait gagné qu'un maigre sursis
Elle s'avança dans la coursive enténébrée devant elle. Un véritable labyrinthe s'étendait là, plein de passages étroits et déserts, de tuyaux gaîné et de fils pendants, traces d'anciens combats, métal fondu ou éclaté, projection brune sur les parois. Soudain elle capta un mouvement devant elle et se figea. C'était petit et ça se déplaçait rapidement. Une araignée de la taille d'une main, en métal, détala bientôt devant elle et Khadidja se précipita à sa suite. Elle arriva à une écoutille fermée. L'idéogramme de l'illusion était peint en traits écailleux dessus. Il y eut un déclic, un jet d'air comprimé et la porte coulissa, révélant un sas brillamment éclairé. Elle s'y engagea avec circonspection et le passage se referma derrière elle. Elle commença à sentir son poids et ses pieds touchèrent le sol. l'autre huis s'ouvrit sur une pièce plongée dans la pénombre, où brillaient ça et là quelques voyants clignotant et des plaques de verres sombres. Une lumière s'alluma subitement sur un lit fauteuil. Après un moment d'hésitation elle s'y installa. Des bras articulés jaillirent des côtés pour la dénuder et lui poser des électrodes le long du corps, et un casque lui occultant les sens descendit du plafond sur son visage


 Dité [Dans la Gueule] par La Flamberge
    Vendredi 29 Mars 2013 à 17h06
"Et bien, à peu près un an avant qu'il ne disparaisse, son travail est devenu inégale, bizarre, moins structuré qu'auparavant. Il a commencé à croire que ce qu'il écrivait était la réalité, et il ne nous a plus rien envoyé."

Lynda Styles in "L'Antre de la Folie"


 Dité [6] par La Flamberge
    Vendredi 22 Mars 2013 à 00h10 [ édité Vendredi 22 Mars 2013 ]
Les ténèbres du puits l'aspirèrent. L'air lui fouaillait le visage, et ses vêtements formaient une traîne virevoltante derrière elle. Les palpitations de son coeur qui menaçait de se rompre, lui battait aux oreilles comme des tambours. Son corps allait se disloquer à l'impact, tous ses os voler en éclat, la cervelle de sa belle tête maculer le sol. En bas, une pâle lueur bleue. Des éclairages circulaires encastrés dans des parois grises défilèrent rapidement, avec une régularité métronomique.
Elle vit le fond. Elle allait mourir. Elle ferma les yeux et... traversa une membrane molle et se retrouva en train de flotter en apesanteur dans une pièce sphérique, baignée de lumière bleue blafarde. Des objets divers dérivaient dans l'air. Retrouvant son calme peu à peu, il identifia certains, familiers comme des bijoux, des morceaux d'étoffe ou des pièces d'armure, parmi d'autres éléments finement ouvragées en métal et une matière terne et lisse qu'elle ne connaissait pas. Et parmi tout cela il y avait autre chose, dont elle comprit la nature en frémissant d'horreur. Une oreille. Un doigt. Un fragment d'intestin. Et tous portaient les marques de dents. C'est à ce moment qu'elle remarqua les ouvertures percées de loin en loin dans les parois, et les yeux rouges jaunâtres, malveillant, qui y brillaient.


 Dité [suite 5] par La Flamberge
    Jeudi 29 Novembre 2012 à 22h56
La silhouette se précisa, féminine. Obnubilée par cette vision, sa fascination se mua en terreur lorsqu'elle reconnut cette femme : c'était elle-même.
Mais cet alter ego avait les cheveux courts, des vêtements pratiques à la coupe étrange, purement fonctionnels et absolument dénué d'élégance. Ces traits étaient tirés par un trop long état de veille et ses yeux rougis par les pleurs. Ses lèvres remuaient mais sa voix n'était qu'un murmure lointain. Elle discerna néanmoins qu'il était question d'un combat sans espoir, d'un exode et d'une défaite cuisante : " Journal de bord du Naglafar... Khadidja R... itaine est mort aujourdhui, une des choses crus... terrible épreuve... que 6 maintenant... alliées avec Yalda Bahut... modifier le navire...faisons demi-tour, nous allons vers J... ssagers de leur sommeil...expériences auxquelles je ne préfère pas pen... source de Yalda Bahut pour reprendre le contrôle du Naglafar... la seule responsable de ce désastre... devenue folle et se prend désormais pour un être... écrasés comme des insectes... dispositif au cas ou nous mourrions... qu'Allah protège les justes qui..." L'apparition disparue subitement, un bruit de déplacement précipité dans les fourrés puis plus rien.
Elle resta de longues minutes complétement pétrifiée. Khadidja... ces syllabes résonnaient comme l'écho d'une existence, d'une identité perdue. Elle finit par sombrer dans un sommeil fiévreux empli de mauvais rêves, vagues dont elle ne garda pas le souvenir à son réveil.
Le soleil était énorme et englobait tout l'horizon. Une chaleur infernale s'abattait comme un mur de feu au-delà de la rotonde. Une bourrasque de neige lui cingla le visage, suivi d'un coup de tonnerre assourdissant venant du Beith-el. Tout le sommet n'était n'était plus qu'une masse de nuées roulantes lançant des éclairs dans toutes les directions. Jamais on avait vu un tel jour de colère. L'einheriar et elle se précipitèrent à bride abattue jusqu'à la tour. Et cette fois c'est elle seule que le dieu désigna. Elle dégaina son khépesh et se dirigea vers l'omphalos. Elle franchit la passerelle qui enjambait l'abysse. Les ténèbres d'en bas répondait aux ténèbres d'en haut. On amena un siqlabi enchainé devant la pierre qui battait comme un cœur monstrueux. Elle leva sa lame pour l'abattre sur le crâne du domestique - elle l'avait déjà fait plusieurs fois -, mais quelque chose arrêta son geste. Elle comprit, à cet instant, en contemplant cette créature pathétique : Khadidja, c'était elle
Jadis elle avait un nom et c'est ainsi que l'on aurait dû l'appeler. Yalda Bahut n'avait pas toujours été le maître. Elle ne voyait plus aucune raison de tuer le pauvre hère à ses pieds. Un silence interdit s'abattit sur la salle. Puis soudain, d'un seul mouvement, ils se précipitèrent tous sur elle, frénétiques. Dans la confusion de la mêlée qui s'ensuivit, elle vit le mâle qui l'avait possédée la veille, fracasser le crâne du serviteur contre la pierre. Elle hurla, et tout en se débattant, son pied glissa du rebord et elle bascula dans le vide.


 Dité [suite 4 ] par La Flamberge
    Mercredi 28 Novembre 2012 à 23h27 [ édité Mercredi 28 Novembre 2012 ]
Elle flottait, libérée de la pesanteur, dans un bain de pétales de roses, qui caressaient sa chair nue et halée, glissant le long de ses courbes délicieuses, s'accrochant à sa chevelure ruisselante. Elle ne pensait à rien d'autre qu'au plaisir qu'elle allait prendre avec son amant, au plaisir qu'elle allait lui donner. Celui-ci était allongé sur un lit à baldaquin, de l'autre coté de la rotonde de marbre. Une brise légère agitait les tentures, révélant les jardins et les cachant tour à tour, dans la tiédeur d'un ciel crépusculaire. Toute à la volupté de ses ablutions, elle détaillait son mâle assoupi, ses larges épaules, sa poitrine glabre et virile, ses cuisses puissantes, ce que celait le pagne de lin brodé... Elle passa une main langoureuse sur son corps et bientôt, le ventre en feu, elle se redressa et posa un pied sur le rebord de marbre. L'eau parfumée dégoulina de la pointe de ses seins altiers, dardés vers l'objet de sa passion. Deux saqaliba, auxquelles elle ne prêta aucune attention, sortirent de l'ombre des colonnes pour la sécher et lui passer une fine gaze qui soulignait sa plastique parfaite. Les congédiant d'un geste dédaigneux, elle s'approcha du lit d'une démarche souple et féline. Elle se pencha et subrepticement souleva le tissu du pagne. un sourire de contentement éclaira son visage.

[...]

Plus tard, alors qu'il dormait déjà, elle pensait, allongée, regardant la flamme tremblotante de la lampe à huile et les phalènes qui tournaient autour. Des idées bizarres l'assaillaient. Elle songeait en particulier au signe dans l'eau, et de manière générale au sens de leurs existences. Quel était le but ? Pourquoi Yalda Bahut voulait-il des sacrifices ? Qui était-il ?
Leur vie semblait parfaite, du moins en apparence... nourriture raffinée, plaisirs, distractions, ils avaient tout ce qu'ils pouvaient souhaiter et pourtant... Quelque chose ne collait pas. Elle savait que c'était de mauvaises pensées, hérétiques. Le dieu ne manquerait pas de le savoir et il la châtierait pour son impiété. Elle frissonna.
Elle claqua des mains et une des saqaliba sortit avec une lyre et commença à en tirer de charmants accords. L'autre lui apporta une coupe de fruits où elle cueillit une grappe de raisin. Elle observa le visage sans traits au-dessus d'elle. Pas de bouche, de narines, d'yeux ou d'oreilles. Une ébauche d'humain. Mais parfaitement capables d'accomplir les tâches pour lesquelles on les avait crées. Et totalement soumis.
En contemplant la domestique, une autre idée incongrue se fit jour en elle : au fond, ils n'étaient guère différents des saqaliba ; Ils ne faisaient que vivre et mourir pour Yalda Bahut. La seule différence avec ces choses sans visages, c'était qu'ils pouvaient prendre du bon temps. Mais comme eux ils vivaient et mouraient... en vain. Hérésie ! Le créateur pourvoyait à tous leurs besoins, c'est lui qui les faisait surgir du sein de la terre, il était normal qu'il puisse disposer d'eux à sa guise. Il en avait toujours été ainsi, autant qu'elle pouvait en juger.
Pourtant depuis la veille elle ne pouvait se départir de l'impression que les choses avaient été différentes à un moment, et avaient brutalement cessées.
Elle huma la fragrance des roses de Junon qui entouraient la rotonde, qui se mêlait aux vapeurs opiacées montant des cassolettes de bronze disposées dans l'édifice. Elle s'assoupit et dans ses rêves confus, elle vit d'étranges objets de verre et de métal, des bouts d'organes horriblement dénaturés dépassant d'un liquide noir et huileux, des plumets de fumées, des plumets de flammes, le soleil, énorme et implacable, un nuage bariolé au sommet d'une tour aux parois miroirs.
Dans un sursaut elle ouvrit les yeux.
Elle se demanda si elle dormait encore. Une chouette plongea d'un arbre en lisière des bois en hululant. Un mince croissant de lune voilé de nuages et quelques vers luisants dans les bosquets étaient les seules sources de luminosité. Pourtant une lueur blafarde semblait enfler sous les arbres. Quelque chose
approchait, une forme spectrale aux contours indistincts.


 Dité [intermède] par La Flamberge
    Mardi 30 Octobre 2012 à 23h42
Quand la mort frappe à la porte,
Tous les cœurs sont remplis d'effroi.
Quand à la porte se présente la mort,
Qui la mort doit-elle emporter ?

Le chant des trépassés, Barzaz Breiz

petit pause dans mes élucubrations morbides, pour des préoccupations plus terre à terre en cette veille de Toussaint

N'oubliez pas vos morts, eux ne vous oublient pas


 Dité [suite 3] par La Flamberge
    Mardi 30 Octobre 2012 à 23h34
L'intérieur était un vaste entonnoir en gradin, plongeant vers un puits central, au milieu duquel se dressait un petit espace circulaire, siège de l'Omphalos, la pierre noire en forme de pomme de pin, témoignage de la puissance du dieu, tendu vers les ténèbres insondables de la tour au-dessus.
Le silence de la dévotion tomba sur l'assemblée. Des myriades de couleurs commencèrent à apparaitre au-dessus de la roche sacrée. Frissonnante d'appréhension et d'excitation mêlée, la femme posa sa main sur la cuisse de l'einheiriar. Ce contact renforça son trouble, et elle aurait aimé à cet instant baiser ce visage à la mâchoire serrée, au regard fulgurant. Les miroitements versicolores prenaient des formes géométriques complexes, s'étirant en rivières arc-en-ciel et traversant les corps de l'assistance, se tarissant rapidement, désignant deux einheiriar, dont l'un était celui qui escortait la femme. Aujourd'hui se serait donc un duel.
L'autre guerrier était blond, grand, sec, avec un air vulpin, cuirassé de peau et bardé de lames. Une rapière pendait à un anneau de sa ceinture. Son champion à elle portait une hache d'armes, et une rondache dont l'un des bords s'étiraient en griffes acérées. Ils s'avancèrent tous deux jusqu'à la plateforme de l'Omphalos, et, après un bref salut de part et d'autre de la pierre noire, le combat commença. Le blond était aussi rusé qu'il en avait l'air. Il projeta un poignard sans crier gare qui s'enfonça dans le torse musculeux de son adversaire. Impassible celui-ci le retira et le jeta dans le vide. Du sang coula de la blessure, assombrissant encore la peau brune. La pomme de pin minérale pulsa. Brandissant sa hache, le géant d'ébène se rua à l'assaut, redoutable. L'autre esquiva de justesse, feinta, attaquant d'estoc à la rapière, qui déchira le cuir du colosse. Celui-ci en profita pour abattre sa cognée sur la garde de l'épée et le blond la lâcha en criant de douleur. Un couteau siffla manquant sa cible de peu. La femme regarda en frémissant d'excitation son chevalier servant briser la mâchoire du blond d'un revers de rondache.
A genoux, maintenant d'une main sa bouche détruite, il appuya l'autre sur l'Omphalos. Le triomphateur la lui trancha net. La gerbe de sang fut absorbé instantanément par la pierre devenue organique. La belle exulta lorsque son champion bascula la dépouille dans l'abysse, offrande à la gloire immortelle de Yalda Bahut

[à suivre...]


 Dité [suite 2] par La Flamberge
    Samedi 27 Octobre 2012 à 16h14
La femme se mit en route vers le sanctuaire sans hésiter. La luminosité continuait à baisser - signe que l'astre diurne commençait à accélérer sa course -, et les nuages filaient rapidement vers l'horizon ou venait s'agglutiner autour de la maison du dieu, devenant plus noirs de minutes en minutes.
En chemin elle rencontra un einheiriar harnaché de cuir, juché sur un cheval caparaçonné d'argent. Un signe de connivence et il la fit monter en selle. Elle aimait sentir ses muscles puissants sous ses mains, sa peau de bronze effleurer la sienne...
La lune monta et déclina rapidement alors qu'ils traversaient landes et bois au trot. Ils arrivèrent dans l'ombre massive du temple. Aussi loin que portait la vue, on ne pouvait distinguer la moindre aspérité, la moindre ouverture, hormis les quatre grands portails à la base par lesquels s'engouffraient la foule de communiants. Le soleil et la lune, le jour et la nuit se succédaient de plus en plus vite. Arrêtant sa monture prêt d'un sureau noir à fleur de terre et sans stabilité, le puissant guerrier sauta à terre, souleva la belle par la taille avec autant d'aisance qu'un fétu de paille, et ils s'en furent rejoindre leur coreligionnaires. Une ligne d'or pâle coupait désormais le ciel en deux. Le haut de la tour n'était plus qu'une boule de chaos fuligineux, électrique.

[à suivre...]


 Dité [suite 1] par La Flamberge
    Dimanche 14 Octobre 2012 à 23h07 [ édité Jeudi 25 Octobre 2012 ]
Elle se leva, un peu gauche, pour aller se rafraîchir L'oiseau s'envola en poussant un pépiement courroucé, et partit gringotter sur une branche du frêne. Elle observa son reflet dans l'eau. L'ovale parfait de sa belle figure, les bouclettes brunes qui l'encadraient, le hâle exquis, les yeux en amandes, les lèvres de rubis concouraient à faire d'elle le portrait exact d'une déesse, ce dont elle ne tirait pas le moindre orgueil. Ses mains en coupe ridèrent la surface lisse et translucide. Elle baigna son visage du liquide bienfaiteur et essaya de remettre ses idées en place. Qu'est-ce qu'elle avait oublié et qui était si important ? En se concentrant, des flots d'images brouillées, imprécises lui revenait, confuses, recouvrant des faits profondément dérangeants, tellement personnels et intimes, mais presque complètement hors de portée. C'était comme de sentir un membre amputé, sa mémoire lésée de sa part la plus vitale. Elle relégua avec son pragmatisme coutumier cette énigme dans un coin de son esprit.
Un abeille passa, bourdonnant près de son oreille. Puis quelque chose de bizarre se produisit. Pendant un instant, il lui sembla que l'air devenait plus dense devant elle, au-dessus du bassin, comme un nuage de poussière, mais plus compact et quasiment imperceptible. Puis le liquide se brouilla, et tout redevint normal. Au fond du bassin, des perches soleil aux écailles luisantes, vertes, tournaient dans le champs d'algues. Soudain, sans préambule, elles s'immobilisèrent, puis se rassemblèrent au centre pour former le caractère gen. L'illusion... Le temps d'un battement de paupière et les poissons se dispersèrent, et le signe disparut.
La lumière diminua. Elle se retourna . Le soleil était caché par les nuées. Une cellule nuageuse se formait autour du Beith-el, des éclairs zébraient son sein ténébreux. Yalda Bahut voulait du sang. Un vent glacial lui cingla le visage.


 Attention ! ça mord... par La Flamberge
    Jeudi 11 Octobre 2012 à 22h11
Nous sommes mieux à l'abri de ces vénérables murailles à siroter ce bon... vin, que dehors à la merci des brigands, n'est-il pas ?

Dité
par Gwilherm An Hen (propriété intellectuelle d'Howard Philips Lovecraft, avec son aimable autorisation, dispo sur TOC jusqu'au prochain crash du Net)

La jeune femme se rappela que quelque chose d'horrible était arrivé, mais elle ne put se souvenir quoi. Elle ouvrit les yeux sur une contrée verdoyante, où coulait de placides fleuves d'argent. A l'orée de la forêt, l'air brûlant formait comme un mur. Les rayons du soleil nimbaient le Beith-el, la flèche blanche, lisse et unie qui scindait l'horizon en deux et se perdait dans les cieux. Là haut vivait Yalda Bahut, le créateur. Elle étira ses membres gourds, défroissant l'étoffe de soie violette qui moulait ses formes délicates. Elle était alanguie contre un frêne fermement enraciné dans la terre et dont les rameaux se divisaient en trois branches massives. Ses yeux papillonnèrent, chassant les derniers lambeaux de rêve versés sur ses paupières par la corne d'Hypnos, fils de Nuit et d'Erébe.
A quelques pas à l'ombre des frondaisons, une source cascadait dans un bassin, qui s'allongeait en miroitant vers la vallée. Un rossignol plongeait le bec dans l'eau clair, lui lançant de temps à autre un regard inquiet.
[à suivre...]


 Rentrée par La Flamberge
    Samedi 01 Septembre 2012 à 21h56
texte

j'adore cette gwerz...
Alors les amis, vous en voulez encore ?


 vacances par La Flamberge
    Samedi 28 Juillet 2012 à 23h47 [ édité Samedi 28 Juillet 2012 ]
Voila ! N'hésitez pas à lâcher les commentaires, ça m'aide, d'autant que j'en ai d'autres dans ce goût là (peut-être moins gentils). Mais pour l'instant je vais pouvoir buller et continuer à bouquiner Conan. Merci de m'avoir lu
@ +


 Waelcyrge [suite et fin] par La Flamberge
    Samedi 28 Juillet 2012 à 23h04 [ édité Samedi 20 Octobre 2012 ]
La sphère commençait à fluctuer vers la tête de la jeune fille, dont je ne pouvais distinguer les traits, qui reposait, comme endormie, sur une large tache sombre et brillante. Les loups se mirent à geindre et à s'agiter. Schlachter était fasciné, les yeux exorbités. Je me rapprochais subrepticement du cylindre, près duquel se trouvait un fragment de main amputée de deux doigts. La Waelcyrge disparut complètement dans le corps exsangue, et le temps sembla se suspendre... Puis soudain une vague démoniaque, intangible balaya la pièce et la dépouille s'arc bouta en un soubresaut horrible, presque jusqu'à la rupture. Je frémis d'épouvante en me rendant compte que toute la charogne dans la pièce réagit à ce spasme. La main elle-même étira ses doigts comme une araignée mutilée. Je plongeais vers le sol, saisis le manche de la grenade, dégoupillais et l'expédiais dans le cercle au pied de la "fille", qui à ce moment là, tournait la tête dans ma direction, me transperçant de son regard où brillait cette pâle, étrange lueur qui n'est pas de ce monde.
La suite est une succession confuse, cauchemardesque dont j'ai du mal à me rappeler les détails : la déflagration, les hurlements effroyables des bêtes lupines, la fuite éperdue vers la cour, la terreur sur le visage des allemands, l'aurore boréale accrochée au faîte du donjon, la force inconcevable qui s'y engouffrait depuis le néant, les rayons d'argent pulvérisant la chair et la pierre, cette voix dans ma tête :

Y'kshee, y'kshee
N'thagtha vril
Yog Sothoth v'tagth

et enfin la détonation assourdissante, la tour maîtresse s'écroulant dans un fracas cataclysmique. Le monde engloutie dans une nuée de poussière.

J'ai été récupéré dans le no man's land, à moitié fou. Plusieurs semaines ont passées. Jonathan est mort, la nuit même de mon expédition, foudroyé par un bombardement d'ypérite. Je le vois, lors de mes pauvres phases de sommeil, mais ce n'est pas lui, c'est elle, la waelcyrge, la korrigan. Elle prend l'aspect du vieil homme de la ruelle à Rekourañs, du jeune allemand du nid de mitrailleuse ou de la sacrifiée du donjon. Elle m'attend sur le Menez Kronan avec ses loups garous aux abois. Je suis maudit. J'ai commencé à changer...
Il aurait mieux valut que je trépasse dans la tour désintégrée...
Mes sens se développent... Entre le vacarme de l'artillerie et les remugles de la tranchée, c'est un cauchemar permanent. Je me surprends à me demander quel saveur peuvent avoir mes frères d'armes. J'ai pris une balle hier près de la Caverne du Dragon, mais à mon arrivée à l’hôpital, elle était ressortie et la blessure guérie. Je suppose qu'un tir à la tête m'expédierais quand même dans les bras de l'Ankou. Malheureusement j'ai bien vu que la mort ne constitue pas une échappatoire avec cette chose. Je crois que je vais déserter et retourner à Brasparts. C'est là bas que je vais affronter mon destin, quel qu'il soit. J'en ai l'intime conviction. Il y a peu de chance que l'on ajoute foi à relation, pourtant c'est la stricte vérité. Vous savez maintenant pourquoi les allemands ont fait sauter le chateau de Coucy. Qui sait ce qui a pu rester sous les ruines de ce colosse anéanti, mais pour le salut de tous, il vaut mieux que personne ne le sache jamais.

Gwilherm An Hen 2012


 Waelcyrge [suite 7] par La Flamberge
    Dimanche 22 Juillet 2012 à 21h18 [ édité Dimanche 22 Juillet 2012 ]
J'étais stupéfié par cette vision, et répondant à ma terreur, l'oberst reprit, calmement, toujours dans la langue de mes aïeux : "Ne dit-on pas à Brasparts que " St Michel sait tenir les loups noirs en respect " ? C'est on ne peut plus vrai, même si je ne goute pas les patronymes que donne la racaille juive aux waelcyrges".
J'aurais pu lui vider les boyaux à ce moment là, avec joie, si l'on ne m'avait pas dépouillé de mon poignard. Il sourit en constatant l'effet de sa pique raciste. Bien que n'étant pas démocrate moi-même, les théories racialistes de Gobineau, Chamberlain et autres Drumont m'avaient toujours donné la nausée. Le sang d'un israélite ou d'un sénégalais vaut bien celui d'un autre quand il s'agit de le verser pour la "patrie".
"Les Waelcyrges... c'est une force à laquelle aucune armée ne peut résister, aucune technologie si avancée soit elle, ne les affecte. Elles sont invincibles... et elles commandent aux morts... Si elles nous précèdent, Paris tombera bientôt sous notre coupe. Bien qu'il faille quelques "offrandes". Il engloba le massacre autour de nous d'un geste nonchalant " Je doute que le Kaiser Guillaume II, quand il verra les puissances de Yog Sothoth à l'oeuvre, hésite à sacrifier quelques pions de plus. Quand nous aurons écrasé la France arrogante, la Bretagne pourra redevenir libre et reprendre les rênes de sa destinée. Les enfants n'auront plus honte de parler la langue de leurs ancêtres, les adultes n'auront plus à courber l'échine devant des fonctionnaires jacobins, ventripotents à la solde des élites parisiennes. Et ça ce sera grâce à toi, nouveau Nominoë... " J'avisais un objet cylindrique prolongé d'un manche, un peu plus loin. "Et que dois-je faire ? " demandais-je à brûle pourpoint. L'oberst désigna l'esprit toujours en suspens. "Elle a besoin d'une... monture pour Ragnarök, et tu as toi-même le cœur d'un loup... rejoins-nous pour l'ultime bataille !". Tandis qu'il parlait il s'était déplacé vers la "chose" de quelques pas et se tenait maintenant devant une bannière ensanglantée, la croix gammée faisant un contrepoint sinistre qui achevait de rendre Schlachter aussi inhumain que les autres créatures de cette pièce. Ses yeux s'illuminèrent soudain et il s'exclama "Ça y est ! Elle descend !"


 Waelcyrge [suite 6] par La Flamberge
    Mercredi 18 Juillet 2012 à 22h17
Ma grand-mère chantait doucement au bord de mon lit "Pas de série pour le nombre un : la Nécessité unique, le Trépas, père de la Douleur; rien avant, rien de plus."
Je tirais le rideau de mon lit. J'étais dans les tourbières du Yeun Ellez, abandonné. Le décor n'était plus le même. Un grand lac recouvrait désormais Kastell Tremenvan et le Youdig. Au-delà, vers l'orient, un bâtiment en béton, cylindrique s'élevait au dessus des bois. Je sentis un appel puissant, viscéral, venir de derrière, venir du Menez Kronan. Lentement je me tournais. Il y avait quelque chose là haut. Une brusque accélération m'emmena sur les versants du mont, dans une lande battue par les vents. Jonathan m'agrippait le bras en gémissant, tremblant de terreur. Les nuées noires roulaient à toute vitesse par dessus le sommet et la chapelle, filant vers l'horizon. "Il...il...il arrive ! Je t'en prie, ne reste pas là !". Son visage se mit à suppurer et se couvrir de cloques immondes, ses yeux devinrent aveugles.
Je contemplais le ciel étoilé, ceint d'arches brisées. L'odeur de la mort, le sang et la poudre. L'oberst me dévisageait attentivement pencher au dessus de moi, face sinistre dans la lumière glauque. "Debout, seigneur de Botmeur". Son breton était parfait sans la moindre trace d'accent. Je regardais autour de moi . La chose, la boule de lumière au dessus du soleil noir et du corps inerte de la jeune fille, était pleinement formée et fluctuait doucement. C'était d'elle qu'émanait la faible clarté, révélant autour du cercle quatre formes massives, bestiales, en partie humaines, grondantes, écumantes, les babines et le pelage luisantes de sang. Et sur toute la superficie du donjon, un effroyable carnage avait eu lieu


 Waelcyrge [suite 5] par La Flamberge
    Dimanche 15 Juillet 2012 à 23h53 [ édité Dimanche 15 Juillet 2012 ]
Je traversais un sombre passage pour arriver dans l'immense pièce centrale, où une foule de soldats en transe faisait cercle, qui me cachait là où s'élevait la prière - dans une ancienne langue germanique, probablement du gotique - , qui me faisait penser à un mantra vénéfique. Les douze demi arcs brisés de la voûte dardaient vers le ciel étoilé, comme des doigts de squelette. Je me faufilais jusqu'à un renfoncement où j'avais avisé un escalier à vis. Je trouvais un peu plus haut une meurtrière qui donnait vers l'intérieur et qui me sembla d'office un poste d'observation idéal. Mais en regardant vers le bas, mon sang se glaça dans mes veines, à la vue du spectacle qui s'offrait à moi. Des drapeaux brodés de swastikas dextrogyres ornaient les murs et un soleil noir avait été peint au centre de la salle, à même le sol, chacune des runes Sōwilō pointant vers les chapiteaux qui portaient les arcs. L'architecture comme prolongement de la sorcellerie. Et au centre du symbole maléfique, une jeune fille gisait pieds et poings liés. Schlachter était assis en tailleur au bord du cercle, son crâne rasé labouré d'affreuses balafres, en robe de cérémonie, portant des brassards de bronze frappés de runes. Ses yeux bleus luisaient, en proie à une folie mystique, tandis qu'il lançait vers le ciel sa sombre mélopée. Soudain un point lumineux auréolé de noir apparut au dessus du corps, grossissant à vue d’œil. Je vis l'éclat d'un poignard dans la main de l'oberst. Réprimant le tremblement qui agitait mes mains de toute la force de ma volonté, j'épaulais, sans considération pour ma propre sauvegarde. J'allais loger une balle dans la tête de l'allemand , lorsqu’un coup violent sur la nuque m'étala pour le compte

[à suivre...]



 Waelcyrge [suite 4] par La Flamberge
    Vendredi 13 Juillet 2012 à 21h48 [ édité Samedi 14 Juillet 2012 ]
Les allemands perdaient du terrain et allaient devoir se replier sur la ligne Hindenburg. Il y avait parmi ceux qui résidaient dans l'antique édifice, un officier, l'oberst Wolfgang Schlachter que le général me désigna comme un suppôt de Satan - ça ne m'impressionna guère, je ne croyais pas au diable, jusque là -. Ma mission était de l'éliminer, ou à défaut d'en apprendre davantage sur son compte. J'acceptais sans hésiter. J'avais le pressentiment que ce que je voulais était là bas. Je fis mes adieux à Jonathan, un jeune soldat avec qui je m'étais lié, je le remerciais pour son amitié merveilleuse et le quittais rapidement avec la conviction que je ne le reverrai plus.
A la faveur de la nuit, je franchis le no man's land, et me faufilais dans le château à travers un éboulis des murailles colossales. Je tranchais la gorge d'une sentinelle qui fumait au pied du donjon, à coté d'un pinacle brisé. Un chant païen sinistre résonnait à l'intérieur de la vénérable ruine. J'engageais une cartouche dans la chambre du Lebel et pénétrais à l'intérieur.

[à suivre...]


 Waelcyrge [intermède] par La Flamberge
    Vendredi 13 Juillet 2012 à 17h06
Bon désolé, ces derniers soirs j'étais trop "fatigué" pour faire même de la dactylographie. La faute, comme qui dirait, à "l'alcoolisme endémique" . Je reviens


 Waelcyrge [suite 3] par La Flamberge
    Lundi 09 Juillet 2012 à 23h18 [ édité Mardi 10 Juillet 2012 ]
On voulut me remettre une décoration pour ce fait d'arme, mais je ne recherchais pas les honneurs, et je ne me battais ni pour la France, ni pour la démocratie, concept honorable de l'antiquité, sacre du médiocre de l'ère industrielle. Je poursuivais autre chose. Et j'allais le trouver. Mon insubordination déclencha la fureur de cette raclure de Nivelle, qui se gargarisait d'engraisser les terres de l'Aisne avec la fleur de la jeunesse bretonne, mais Pétain intercéda en ma faveur. L'homme me faisait penser à une statue funéraire. Je trouvais ça plaisant. Il me désigna pour une opération spéciale. Je devais pénétrer dans le château de Coucy, joyau de l'architecture médiévale.

[à suivre...]


 Waelcyrge [suite 2] par La Flamberge
    Lundi 09 Juillet 2012 à 23h18
Je ne m'étais pas trompé, car la mort était omniprésente autour du Chemin des Dames. Les cadavres partout, mes frères d'armes du 19ième RI ou les allemands - désormais parfaitement indistincts les uns des autres -, les chevaux, la charogne de la nature elle-même. Je l'attendais aussi l'Ankou, avec une certaine nonchalance. J'allais à sa rencontre. Mais il ne prenait pas ce vieux roué. Il fauchait d'abord ceux qui avait peur de lui.
Une nuit je détruisis seul, un nid de "machines à coudre", qui avaient décimé ma section. Au terme d'une reptation de plusieurs heures, dans la boue, la viande pourrie, les éclats rouillés et les barbelés, je leur tombais dessus et ils n'eurent aucune chance. Il y avait un jeune allemand aux moustaches duveteuses. Il excrétait lorsque j'avais attaqué. Je voulais l'épargner, mais sa main glissa vers son Mauser et je tirais. Je regardais la vie l'abandonner tandis que le sang gouttait sur son exemplaire de Also Spracht Zarathoutra. L'Ankou prend d'abord ceux qui ont peur.

[à suivre...]


 Waelcyrge [suite 1] par La Flamberge
    Dimanche 08 Juillet 2012 à 14h45 [ édité Lundi 09 Juillet 2012 ]
Je n'étais pas de nature, alors pas plus qu’aujourd’hui, dans cette casemate humide et puante à fléchir devant une ombre du passé, mais force m'est de reconnaître que mes conceptions d'un univers rationnel, d'une logique cartésienne ont volées en éclat il y a peu, m'imposant comme une évidence ce que mon cœur avait pressenti dans mon enfance. Maintenant que j'ai vu le faucheur de vies je ne peux m'empêcher de repenser à cet été, où la fêlure s'est accentuée. Mes parents et moi nous étions allés voir la famille à Brest. Je me promenais dans les rues en pente de Rekourañs, quartier populaire mal famé et délabré du vieux port. J'étais suffisamment fougueux, bouillonnant de vie pour avoir l'air d'un vrai Yannick, un dur à cuire de Rekourañs. Il faut s'attendre à devoir composer avec la lie de l'humanité là-bas, donner des coups et en recevoir. Alors que je déambulais sous les créneaux de la tour Tanguy, une détonation retentit dans une venelle proche de moi, d'où fuirent bientôt éperdumment deux gredins. Je m'approchais timidement. L'âcre odeur de la poudre me prit à la gorge. Le corps encore chaud d'un vieil homme, que les canailles avaient froidement abattu pour quelques francs, gisait là, dans cette ruelle crasseuse. L'air d'hébétude sur ses traits, le mince filet de sang qui coulait du trou noir bien découpé au milieu de son front, le tas de poubelle où s'agitait un gros rat hirsute, la brique pulvérulente, les relents d'urine. Ce tableau prégnant s'enfonça dans mon crâne comme la balle dans celui du vieil homme. Je sus ce jour, que la mort était ma voie.

[à suivre]


 Waelcyrge par La Flamberge
    Samedi 07 Juillet 2012 à 17h38 [ édité Jeudi 11 Octobre 2012 ]
Bienvenue au Château. Vous êtes mes hôtes. Une petite distraction, en attendant que le..."repas" soit servi ?

Waelcyrge
par Gwilherm An Hen

J'ai toujours vécu avec la Mort. Tout petit déjà, lorsque je contemplais l'horizon depuis le sommet du Menez Kronan, je n'avais pas de mal à croire que ces terres baignés de l'or rouge du soleil à son déclin, fussent son domaine. J'étais le vassal de l'Ankou. Je le sentais en moi comme un bloc de marbre glacé, comme une livre de chair pourrie. La mort était ma voie - et l'époque ferait bientôt écho à ses aspirations inavouées -, chaque crâne sculpté dans les murs, chaque légendes murmurées au coin du feu, chaque coup d'oeil vers le Yeun Ellez et ses miasmes s'élevant dans le crépuscule, ne faisaient que le confirmer. J'allais souvent sur les hauteurs pour observer les étoiles ou dans les tourbières aux noirs taillis de l'infernal marais, m'aventurer aux abords des ruines de Kastell Tremenvan - dont personne ne parlait et ne voulait entendre parler - près du Youdig trou béant de vase traitresse, porte de l'abysse. Le marécage est un endroit fascinant, mais je ne m'y aventurais jamais après le coucher du soleil, car les lavandières de la nuit m'aurait pris. C'est du moins ce qu’alléguait les habitants de cette contrée désertique. Mais ce que mon instinct considérait comme allant de soi ma raison s'y refusait et je n'avais que faire de tels racontars, c'est ce que j'affectais. J'avais bénéficié d'une solide éducation matérialiste et mes tuteurs m'avaient familiarisé très jeune avec les philosophes grecs et latins et les inepties de cet ordres me laissaient à peu près indifférent, bien que j'admettais volontiers qu'elles puissent recouvrir un fond de vérité, déformé par l’alcoolisme endémique et la consanguinité. Et cependant, en admettant la véracité de ces choses, je n'avais pas peur car dans mes veines coulent le même sang que les chevaliers bretons, bardés de fer, sur leurs lourds destriers caparaçonnés, pelant la terre en chargeant, portant la mort chez les français, sous la bannière An Aerouant, dragon à la large gueule hurlante engloutissant les usurpateurs

[à suivre...]





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